effet aride, puisque l’äme se decouvre assoiffée de Dieu, comme la terre séche
convoitant la pluie.
Le deuxième ciel est plus haut, plus beau et plus serein que le premier : l’âme,
calmée par la séparation des pensées célestes et terrestres (séparation des eaux
inférieures des eaux supérieures), commence ici à faire expérience d’un état de
paix et de repos; ce relâchement est dû au fait que l’âme commence à se sentir
plus proche de Dieu. Ce nouvel état est symbolisé par la fin du déluge universel
(Gen. 8) ; les sources de l’abîme, les ruisseaux des convoitises et les écluses du
ciel se ferment, cela signifie que les passions causées par ce qui est externe à
l’homme s’éteignent.
Le troisième ciel est plus élevé et plus beau que les deux premiers cieux,
davantage serein et joyeux. Ce ciel n’est rien d’autre qu’une joie impétueuse dans
l’Esprit-saint. Ici l’âme parvient lorsque, soudainement et comme dans un
ravissement, elle est transportée et projetée vers une immense lumière, dans un
plaisir admirable et dans une joie ineffable.
Au début de ce processus d’ascension, la prière provoque des larmes de douleur,
viennent ensuite des larmes de dévotion; les larmes baptisent et lavent l’âme.
Cette ablution a la fonction de permettre à l’âme de mieux contempler Dieu.
Le premier ciel correspond ainsi au rassemblement de pensées dispersées, le
deuxième à la paix, la douceur et la dévotion de l’âme, le troisième ciel symbolise
la joie dans l’Esprit-Saint?.
2° Anon., Sermo de beato Paulo (Paris, BnF lat. 15034, fol. 144vb-147rb) : « Les trois cieux sont les
trois modes de contempler Dieu. Le premier ciel signifie la réunion des pensées qui désirent Dieu.
L'âme est alors dans ce premier ciel lorsque, retournée envers elle-même, elle unit dans un seul objet
les pensées de son cœur dispersées sur la terre, elle fixe toutes ses pensées en Dieu, le désirant avec
toutes ses viscères. À propos de cet état, il est écrit au début de la Genèse que, les eaux étant dispersées
sur toute la terre, occupant l’espace de l'air et de la terre, les eaux supérieures mêlées sans ordre aux
inférieures, Dieu créa le ciel et divisa les eaux supérieures des eaux inférieures, renfermant les unes
au-dessous du ciel, et fixant de manière définitive les autres au-dessus du ciel, et c'est ainsi qu’apparut
la terre aride. Lorsque l’homme commence à prier, il perçoit ses pensées comme étant semblables
aux eaux, c'est-à-dire flottantes et instables, et il perçoit la confusion des eaux inférieures et supérieures,
puisque quand il pense à Dieu et aux choses surnaturelles, tout de suite les pensées profanes
s’immiscent. Le deuxième ciel est plus haut que le premier, plus beau et plus serein, et il équivaut à
la paix du cœur et à la dévotion profonde. L'âme se trouve dans ce ciel lorsqu'elle commence à sentir
une certaine douceur et une certaine tranquillité. Ce ciel est plus haut et plus gai que le premier:
dans le premier, en effet, l’âme désire Dieu et elle ne le possède pas encore, et elle est alors attristée;
alors que dans ce deuxième ciel, libre des vents, des nuages et de la pluie, l’air devient si tempéré, le
ciel si silencieux, telles sont la sérénité et la tranquillité, que rien n'arrive plus à affliger l’âme, ni de
l'intérieur, ni de l'extérieur, mais elle dort et se repose dans son Dieu, dans la paix et la tranquillité
[...]. De ce deuxième ciel on lit dans la Genèse [8 2-4] : Les sources de l’abîme et les écluses du ciel
furent fermées ; la pluie fut retenue de tomber du ciel et les eaux flottantes se retirérent; l’arche
s'arrêta sur les monts d’Ararat [Arménie dans le ms.]. Les sources de l’abime sont les ruisseaux de la
convoitise : celle-ci est en effet comme un abîme. Les sources de l’abime sont fermées lorsque l’âme