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LA CONTEMPLATION, SES COMPOSANTES ET SES OBJETS SELON THOMAS D’AQUIN

philosophiquement que le monde n’est pas éternel : qu’il ait eu un commencement,
dit-il, nous le savons seulement par la révélation.

Puis donc que pour Thomas, il n'existe concrètement qu’un seul infini en acte,
qui est l'infini par essence, c’est-à-dire Dieu, on doit considérer que, selon lui, la
contemplation de l'infini se réalise en la contemplation de Dieu lui-même, qui
sera parfaite dans la vision face à face, après la mort, et qui est imparfaite en
cette vie, où nous contemplons plutôt les effets de l’infinité de Dieu, quiestinfini
sous tous les aspects et en tout ce qu'il est.

L’infinité de Dieu mise à part, l'infini, dit Thomas, n’est pas une substance
mais un accident inhérent aux sujets, multiplié par eux et avec toutes ses
propriétés®. Un intellect créé ne peut donc pas contempler, selon Thomas, l'infini
en tant qu’infini®’.

En ayant, cependant, présent a l’esprit ce qu’il dit a propos de la démonstration
du triangle, on peut penser que la considération des infinis accidentels, infinis
en puissance et infinis mathématiques, peut elle aussi procurer une delectatio.
Cette considération de l’infini, ordonnée de soi 4 la contemplation de la vérité,
qui donne unité aux « autres actes qui ne sont pas la contemplation », peut étre
une préparation à celle-ci et entrer parmi les composantes du deuxième et même
du troisième degré de la contemplation, qui conduisent à la contemplation
proprement dite, la vision de la vérité divine face à face, qui est infinie par
participation, en raison de la nature de l’intellect et de son objet, Dieu.

% Cela dès les débuts de son enseignement universitaire, en 1252 ou 1253, dans le In II Sent., d. 1,
q. 1, a. 5 (éd. P. Mandonnet, p. 27-41). V. à propos de sa position: De aeternitate mundi (ed. Leon.,
t. 43, p. 85-89). Sur le problèmes de l’infinité des âmes créées comme conséquence d’un monde
supposé créé ab aeterno, \. l’article du P. Isaac, cité ci-dessus, note 372.

36 III“ Pars, q. 10, a. 3, ad 3m (ed. Leon, t. 11, p. 152-153).

37 ]“ Pars, q. 14, a. 12, ad 1m (ed. Leon., t. 4, p. 185).

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