la connaissance des réalités sensibles à celle des réalités intelligibles ; au troisième
degré, le jugement que la connaissance intellectuelle porte sur les connaissances
sensibles ; au quatrième degré, la considération absolue des vérités intelligibles
que l’on connaît à partir de la connaissance sensible; au cinquième degré, la
contemplation des vérités intelligibles que l’on ne peut pas découvrir par les sens,
mais qui sont saisies par la raison ; au sixième degré, la considération des vérités
intelligibles que la raison ne peut ni découvrir ni saisir, lesquelles consistent en
la contemplation sublime de la vérité divine, dans laquelle notre contemplation
s'achève comme dans sa fin! »
Si, à propos de la contemplation et de ses degrés, la tradition chrétienne, et
surtout monastique, peut être représentée par le texte de Richard de Saint-Victor,
auquel Thomas lui-même réfère certaines autres divisions, de saint Augustin, de
saint Grégoire le Grand, de saint Bernard, cependant, chez Thomas nous trouvons
une classification beaucoup plus simple, qui comprend seulement quatre
composantes de la contemplation, et qui est fondée sur l’acte lui-même de
contempler : le plus haut que l’intellect puisse poser, portant sur son objet le plus
digne, le suprême intelligible.
À l’article 4 de la question 180 de la II‘-II“, Thomas énumère ces quatre
composantes!” sans parler de degrés, car, selon lui, il n’y a qu'un seul vrai acte
de contemplation, comme nous venons de le dire, dont les composantes sont
cependant graduées. La première de ces composantes est la disposition à la
contemplation que procurent les vertus morales. La deuxième ce sont: «les autres
actes qui ne sont pas la contemplation ». Ces actes, Thomas les a énumérés à
l'article précédent, où, après avoir comparé l’intellect de l’ange qui, par une
appréhension simple, saisit la vérité, avec celui de l’homme, qui par un procédé
de connaissance arrive à l'intuition de la simple vérité, il précise: «La vie
contemplative, donc, consiste en un acte final qui l’accomplit et qui est la
contemplation de la vérité, et qui confère unité à tout le processus par lequel on
y arrive: elle pose aussi beaucoup d’autres actes par lesquels elle parvient à cet
acte final. Parmi ceux-ci, certains concernent la connaissance des principes
(« acceptionem principiorum») à partir desquels on s’achemine vers la
contemplation de la vérité; d’autres actes concernent la déduction de la vérité
que l’on cherche à connaître, à partir des principes ; le dernier acte, qui accomplit
MH Ife-Ife, q. 180, a.4, ad 3 (ed. Leon., t. 10, p. 428).
2 « Sic igitur ex praemissis patet quod ordine quodam quatuor ad vitam contemplativam pertinent:
primo quidem, virtutes morales; secundo autem, alii actus praeter contemplationem ; tertio vero,
contemplatio divinorum effectuum ; quarto vero contemplativum [completivum éd. Parmensis, t. 3,
p. 602] est ipsa contemplatio divinae veritatis » I/*-II”’, q. 180, a. 4, resp. (éd. Leon., t. 10, p. 428).