selon la raison, dans la mesure ot l’on considère la raison des choses, leur ordre,
leur disposition, la cause de chacune, leur mode d’étre et leur utilité. Mais cette
considération dépend encore de la connaissance imaginative et c’est a elle que
ces raisonnements se conforment. La troisième espèce de contemplation est dans
la raison, mais elle se forme a partir de l’imagination. A ce niveau, nous sommes
véritablement dans un genre de contemplation, car, à travers l’image des réalités
visibles nous nous élevons à la considération (« speculatio ») des réalités invisibles.
Il s’agit d’une vraie spéculation rationnelle, mais fondée dans l'imagination et
élaborée selon les propriétés des images des choses visibles. La quatrième espèce
de contemplation est dans la raison et selon la raison. Elle porte sur des objets
de connaissance que l'imagination ignore, car ils ne sont pas des représentations
de réalités visibles, mais le résultat de la réflexion et du raisonnement («que mens
ex ratiocinatione colligit uel per rationem comprehendit »). Il s’agit d'objets invisibles
(«inuisibilia nostra »), que nous connaissons par expérience, que nous saisissons
par l'intelligence et que nous faisons l’objet de considération. De la, nous nous
élevons à la contemplation des esprits célestes et des intellects supraterrestres.
Bien que commencée par la connaissance sensible («ex experientia nostra », «per
experientiam »), cette considération absolument intellectuelle d'objets intelligibles,
s'éloigne des sens et de l'imagination, et, s’exerçant ainsi, elle semble se mettre
en action [s’intelliger] d’elle-méme (« In hac primum contemplatione humanus
animus pura intelligentia utitur, et semoto omnis imaginationis officio, ipsa
intelligentia nostra in hoc primum negotio seipsam per semetipsam ingerere
[semetipsum intelligerere Patrologie] uidetur »). Richard compare l’usage de la
raison (ou intelligence) dans les trois premiers degrés de contemplation a la vision
dans un miroir, alors qu’à propos de ce quatrième degré, qui est le plus haut que
l’intellect humain puisse atteindre par ses seules capacités, il parle d’une
connaissance par similitude («Jllic [intelligentia] quasi instrumento utitur, et uelud
per speculum intuetur. Hic per semetipsam operatur et quasi per speciem
contemplatur » ; v. I Cor., 13, 12). La cinquième espèce de contemplation est au¬
dessus de la raison mais non au-delà de la raison ou même contre celle-ci. Il s’agit
de la contemplation des vérités divines connues par révélation et qui transcendent
les capacités de connaissance de la raison. Enfin, la sixième espèce de contemplation
est celle qui concerne des vérités qui sont au-dessus de la raison et qui semblent
être au-delà de celle-ci et même contre la raison. Ces vérités, connues par une
illumination de la lumière divine, procurent une grande joie à l’âme qui les
contemple et elles consistent en la contemplation de ce que nous croyons des
Personnes divines.
Thomas, résume le texte de Richard, mais il ne le suit pas. « Au premier degré
se trouve la perception des réalités sensibles; au deuxième degré, le passage de