ternais notamment, mais pas seulement. Avec trente-six négociants et trente-deux
marchands, Langon est clairement la principale place commerciale du territoire,
par laquelle transitent la plus grande partie des denrées alimentaires produites
dans les campagnes environnantes. Certes, à l'exception d’un marchand de vin
et de deux négociants en cercles de barriques, nous ne connaissons pas le détail
des denrées revendues par les impétrants langonnais“!, mais il est évident qu'une
grande partie d’entre eux travaillent au moins pour partie avec le monde du vin,
ce que confirme d’ailleurs l'Annuaire départemental de la Gironde qui indique qu'en
1900, douze marchands sont spécialisés dans le domaine des vins et spiritueux“.
Avec sept négociants, tous spécialisés dans le secteur du vin et cinq marchands
(dont la spécialité n’est pas indiquée), le bourg de Barsac est également très actif en
la matière. Preignac compte pour sa part trois négociants, dont un spécialisé dans
le vin, et deux marchands de vin. Acteurs clés du commerce du vin, les négociants
en assurent également la promotion et font même d’excellents ambassadeurs, à
l'instar de Piaubert-Lescure, négociant à Langon, qui fait partie des trente per¬
sonnalités chargées de déguster les vins qui concourent à la grande exposition
nationale de 1892, organisée à Tours®. Enfin, l’entremise des courtiers demeure
essentielle au tournant des XIX®et XX* siècles : les seules petites villes de Barsac
et Preignac en comptent deux chacune en 1901 et Langon quatre, quand on n’en
trouve aucun dans les villages voisins.
Une partie des vins de Sauternes se vend également dans les épiceries (vingt¬
neuf à Langon en 1901, quatorze à Barsac, huit à Preignac et même quatre à Sau¬
ternes), mais aussi et surtout sur les foires et les marchés, dont la fréquence et les
volumes s’accroissent sur l’ensemble de la période envisagée, en Gironde comme
ailleurs“. En 1828, L. Bézout, dans son Voyage dans les départements de la Gironde
et de Lot-et-Garonne par terre et par eau, explique que « Langon brille principale¬
ment les jours de marché et fait un commerce qui roule pour la plus grande partie
sur les bois et les vins blancs. Ce dernier article est ce qui forme la richesse des pro¬
priétaires et marchands qui habitent Preignac, Barsac, Cérons, Podensac, les îles
Saint Georges et les autres endroits qu'on rencontre sur les bords de la Garonne
entre Langon et Bordeaux »®. Quarante ans plus tard, l'arrondissement de Bazas
est « le plus riche en foires » du département selon Edouard Féret*f. Dans sa thèse
1 Il faudrait pour cela entreprendre un croisement minutieux de sources dans une approche micro-historique
qu’il n’a pas été possible de mener pour ce colloque. Mais l'intérêt de cette recherche complémentaire est
évident et fera vraisemblablement l’objet d’un sujet de Master à venir.
* Annuaire départemental de la Gironde, 1900.
# AM Tours (Indre-et-Loire), 2 F Boîte 18, Exposition nationale de Tours 1892, Récompenses, Palmarès.
Cité dans Raduget Nicolas, « Les produits du Jardin de la France dans les Expositions internationales de
la fin du XIX* siècle », dans Marache Corinne et Meyzie Philippe (dir.), Les produits de terroir. Lempreinte
de la ville, op. cit., p. 221-222.
* Akbaraly Sarah, Les foires et marchés en Gironde au XIX‘ siecle (1800-1914), Thèse de droit, Université Mon¬
tesquieu — Bordeaux 4, 2006.
# L. Bézout, Voyage dans les départements de la Gironde et de Lot-et-Garonne par terre et par eau, Bordeaux,
Impr. Brossier, 1828, p. 66.
46 Féret Édouard, Statistique de la Gironde, t. 1, Paris, 1878, p. 681-682.