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sociétés d’agriculture et de comices se donnant pour objectif d’encourager le pro¬
grès agricole sous toutes ses formes. Le plus souvent, au moins dans les premières
décennies, ils sont initiés et portés par les notables locaux, grands propriétaires
terriens. Au niveau départemental, la société d’agriculture de la Gironde, fondée
en 1835, outre la publication d'articles et des rencontres entre les membres, or¬
ganise chaque année un concours agricole départemental, qui met à l’honneur les
produits de la terre, les savoir-faire (labour, taille de vigne...) mais aussi les pro¬
ducteurs (gros propriétaires terriens, mais également petits propriétaires, fermiers
ou métayers) ou encore les serviteurs fidèles, etc. En 1903, le concours et la fête de
la société départementale d'agriculture de la Gironde se tiennent à Langon après
avoir eu lieu, les années précédentes, à Pauillac et à Margaux”. Cet événement
est l’occasion de faire l’apologie des vins produits dans les environs. Ainsi, lors de
son discours, le président de la société, M. Maxwell, vante les richesses et la di¬
versité agricoles de l'arrondissement de Bazas, dans lequel se situe alors la ville de
Langon, et précise que « le bétail y est un honneur et [que] des vins de Sauternes
la réputation n’est plus à faire ». Le monde du vin est d’ailleurs très présent dans
l'éventail des récompenses. Même dans la catégorie des prix décernés aux servi¬
teurs ruraux, sur les sept médailles distribuées, six récompensent des serviteurs
travaillant dans des châteaux viticoles : cinq à Sauternes (dont les châteaux Yquem,
Guiraud et Filhot) et un au château de Fargues. Parmi les treize vins blancs ser¬
vis au cours du banquet, deux sont de Saint-Pierre de Mons et onze viennent du
Sauternais (quatre de Sauternes — dont Vigneau, Yquem et Guiraud -, trois de
Barsac, deux de Bommes, un de Preignac et un de Farges), montrant combien cet
événement constitue une vitrine pour les vins du territoire organisateur. Et c'est
évidemment un verre d’Yquem à la main que le président de la société d’agricultu¬
re porte ses toasts a la santé du président de la République, du préfet de la Gironde
et du cardinal Lecot. L'un des vice-présidents qualifie même le vin de Sauternes de
« premier vin blanc du monde entier »*.

Plus localement, le comice agricole de Bazas, qui englobe depuis 1851 les sept
cantons de l’arrondissement, à savoir Bazas, Grignols, Auros, Villandraut, Lan¬
gon, Captieux et Saint-Symphorien, œuvre lui aussi à l’amélioration de l’agricul¬
ture et plus particulièrement de la culture de la vigne. Or, les communes du Sau¬
ternais sont très présentes dans les activités du comice pour le canton de Langon :
en 1878, les maires de Bommes et de Fargues comptent ainsi parmi les cinq per¬
sonnes constituant la commission cantonale chargée de visiter les propriétés en
prévision de l'attribution des prix#*. Ce comice encourage tout particulièrement la
production des vins au lendemain du phylloxéra, pour aider la filière à se relever de

2 Maxwell James et Vène Alexandre, Société d'agriculture de la Gironde fondée en 1835. Résumé analytique des
travaux de la Société d'agriculture du département de la Gironde de 1835 à 1894, Bordeaux, Impr. Riffaud,
1895.

22 Au lendemain de la crise phylloxérique, notons que la société d'agriculture de la Gironde fait le choix de
promouvoir les territoires viticoles du département.

3 « Féte de la société d'agriculture », Langon-Revue, 13 septembre 1903.

24 AM Bazas, Fonds du comice agricole de l’arrondissement de Bazas.

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