secteur d activités. A Barsac enfin, qui est avec Preignac l’un des principaux lieux
de fabrication de barriques de la Gironde °, on dénombre 127 tonneliers qualifiés
de « patrons », quatre fabricants de barriques” et pas moins de 159 ouvriers. Ce
sont donc au total 286 personnes qui travaillent dans le secteur de la tonnellerie
dans cette commune où Claude Ladrey, auteur d’un article sur les vins du Gers
paru dans La Bourgogne : revue ænologique et viticole considérait déjà en 1859 qu'il
y avait « des ateliers considérables de tonnellerie »!!. Barsac, Preignac et Langon
comptent également des plieurs!? et des réparateurs de cercles de barriques et ton¬
neaux, des fabricants et un négociant de bondes!, ou encore des vanniers et autres
fabricants de paniers, si précieux notamment au moment des vendanges.
Or, à la différence de leurs confrères installés dans les villages dont la clientèle
est généralement très localisée, forgerons, maréchaux-ferrants, charrons et autres
artisans des petites villes, possèdent un bassin de clientèle plus large, embrassant
les communes voisines. Travaillant bien souvent dans des unités de productions
plus importantes et devant faire face à une plus grande concurrence, ils proposent
généralement des services et des produits d’une qualité supérieure à celle de leurs
homologues villageois, moins nombreux et moins spécialisés, car nécessairement
plus polyvalents, comme ont pu le montrer de nombreux auteurs“. De fait, pro¬
priétaires terriens, régisseurs, viticulteurs, cultivateurs ou métayers des campagnes
alentours les préfèrent parfois aux artisans de proximité pour certaines tâches dé¬
licates ou parce qu’ils ont des exigences quantitatives ou qualitatives spécifiques
auxquelles ces derniers ne sont pas toujours en mesure de répondre".
Ces nombreux artisans de Preignac, Barsac et Langon contribuent à maintenir
des liens très forts entre ces petites villes et les producteurs de vin du territoire,
alors même que leur composition socio-économique tend, notamment pour Lan¬
gon, à se distinguer de plus en plus du monde paysan. Seulement 46,5 % de la
population langonnaise est agglomérée en 1820, une grande partie des habitants
de ce chef-lieu de canton possédant un cadre de vie et une activité qui diffèrent
assez peu de celui des habitants des villages environnants : « Sous la Restauration,
l’agriculture était encore une activité essentielle de Langon. Elle occupait toute
une paysannerie viticole vivant isolée dans des hameaux reliés au bourg par de
° Géres (De) Jules, « Notices sur quelques industries du département de la Gironde », Actes de l Académie
nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, Paris, E. Dentu, 1860, p. 49.
10 L'activité des tonneliers était plus diversifiée que celle des fabricants de barriques : ils produisaient aussi
des cuviers, des pressoirs...
" Ladrey Claude, « Les vins du Gers », La Bourgogne : revue enologique et viticole, Dijon, 1859, p. 454.
2 Langon dénombre quinze plieurs de cercles à leur compte et sept réparateurs de cercles ; Preignac et
Barsac comptent à elles deux trois plieurs de cercles.
Six fabricants de bondes ont été repérés à Preignac en 1901.
Favier René, « Les artisans des petites villes dauphinoises au XVIII: siècle », dans Plessix René et Poussou
Jean-Pierre, Les petites villes françaises du XVIIF au XX* siècle, aspects du paysage et de la société, Actes du
Colloque de la Société d'Histoire des Petites Villes, Mamers, 1998, Paris, Presses universitaires Paris Sorbonne,
2004, p. 306-307 ; Marache Corinne, « De la forge à l'atelier mécanique. Une dynastie de forgerons
périgourdins au cœur de la modernisation rurale (XIX-XX: siècle), dans Bulletin de la Société historique
et archéologique du Périgord, t. CXXXVII, n° 4-2010, p. 481-490.
Marache Corinne, Les petites villes et le monde agricole, op. cit., p. 39 et suivantes.