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tokay, et celui de Jean Gosselin gue nous avons déja rencontré : 224 bouteilles de
vin de Chypre, 13 de vin de Syracuse, 114 de vin du Cap, auxguels il faut ajouter
Pinventaire des « Caves du Roi » : en 1732, Louis Mirey a 3 guartauts de tokay".
Ces vins sont extrémement prisés dans la seconde moitié du XVIII* siécle par les
plus riches habitants du royaume. Ainsi, en 1792, monsieur de La Vaupaliére, dont
nous avons déja mentionné la cave hors du commun, posséde 452 bouteilles et
2499 demi-bouteilles de tokay, 655 bouteilles et 76 demi-bouteilles de vin du Cap,
226 bouteilles et 342 demi-bouteilles de vin de Chypre. Souvent, il ne s’agit que de
petites quantités : en 1776, le contrôleur général Clugny laisse 7 bouteilles de vin
de Constance, 2 de Chypre et 3 demi-bouteilles de tokay**. Mais dans plusieurs
caves les quantités sont impressionnantes : en 1782, le vicomte d’Allemans a 162
bouteilles de vin de Hongrie, 56 bouteilles et demi-bouteilles de vin de Chypre, 13
demi-bouteilles de vin du Cap, 2 bouteilles et 8 demi-bouteilles de vin de Smyrne,
60 bouteilles de vin de Monferrat*. En 1784, au décès de l’épouse de monsieur
de Sartine, la cave de celui-ci comprend une pièce de vin de Chypre, 95 bouteilles
du même vin,40 bouteilles de muscat de Chypre, 249 bouteilles et un petit ba¬
ril de vin de Constance. Enfin, dans la très grosse cave du duc de Nivernais, en
1782, déjà citée supra : 7051 bouteilles et 916 demi-bouteilles, nous avons 15 bou¬
teilles et 247 demi-bouteilles de vin du Cap, 70 bouteilles et 145 demi-bouteilles
de tokay,22 bouteilles et 81 demi-bouteilles de vin de Chypre, 55 demi-bouteilles
de picoliti (??), et 130 bouteilles de vin de Kerut(??)**. En 1782, les caves du Roi de
Sévres en ont encore davantage, ce qui ne saurait nous étonner : 1794 bouteilles de
vin de Constance rouge, 840 du méme cru mais de vin blanc, 169 bouteilles de vin
du Cap rouge et 139 de blanc, 540 de vin de tokay et 174 de créme de tokay, 2539
de madére ; cependant, les vins d’Espagne sont peu presents : 48 bouteilles de rota
et 230 de vin d’Espagne ; notons encore que si les bourgogne et les champagne
sont très nombreux, les bordeaux sont absents®?.

Les grands vins doux ou liquoreux étrangers ne se retrouvent au XVIII siècle
que dans les caves d’aristocrates et autres gens très riches. En dessous de ce niveau
social, ils sont absents : aucun avocat, aucun marchand de vin n’en possède. Seuls
quelques notaires font exception en gardant dans leur cave quelques bouteilles
de tokay ou de vin de Constance, ce qui montre toutefois la diffusion de ces vins

83 Lucile Hubschman, Les caves du Roi à Sèvres : des marchands de vin du Roi aux Brasseries de la Meuse,
Manchecourt, Chez l’auteur, 2002, p. 40-41. Notons également qu’il a dans cette cave 297 bouteilles et
7 muids de vin de Graves, 7 muids de madère, 3 muids et demi et 74 bouteilles de vin du Rhin, 61 bou¬
teilles d’Alicante et 326 de vin d’Espagne, 21 de vin de palme, beaucoup de bourgogne et de champagne
(à l'exception toutefois du champagne mousseux).

84 AN, MC/ET/LXVIII/563, 24/10/1776.

8° A. Jullien cite ces vins italiens, qui s’écoulent par Casal, dans sa Topographie de tous les vignobles connus,

op. cit., p. 379.

C’est un inventaire original car il se caractérise par la prédominance des bordeaux : 42,3 % et des vins

ibériques (ni porto ni madère, mais des setubal et, avant tout, des malagas) : 26,8 %. La place des bour¬

gognes est réduite : 14,8 % ainsi que celle des champagnes : 7,3%. Les vins doux du Languedoc sont bien

représentés : 43 bouteilles et 361 demi-bouteilles.

#7 Les caves du Roi à Sévres..., op.cit., p.63.

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