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de Rouillac, dans celle de La Rue ou celle Tartifume, pour une capacité totale
supérieure 4 cinquante tonneaux. Mais en l’espéce, les avocats pouvaient atteindre
le méme niveau d’équipement, puisque Pierre de Comet, á la fin du XVII siecle,
dispose de neuf cuves pour une capacité totale de cent-neuf tonneaux, dans son
domaine de Saint-Loubés, tandis qu’a Pessac, l’avocat Jean de Fonteneil utilise dix
cuves*”. A cété de ces exemples, certains se contentaient d’un matériel réduit. Son¬
geons al’unique petite cuve de quatre 4 cing tonneaux de la métairie de Mambrun,
paroisse d’Artigues, propriété de Jacques Duval**. Cet équipement représentait
en effet un investissement considérable. Ogier de Montaudon déboursa, en 1675,
150 livres pour un pressoir de vendange dans sa maison noble et cuvier de Col¬
lomb*’, paroisse de Bégles, et 100 livres pour une cuve écoulant sept tonneaux”. II
faut en outre tenir compte du fait que s’ajoutaient encore mets ou mayts”, treuils”,
fouloirs, entonnoirs, douils”, bastes”, gargouilles et autres comportes”.

La qualité du produit dépend aussi du traitement du vin. L'intendant se plaint
que les marchands font venir des vins de haut pays et les mélangent avec les petits
vins d'Entre-Deux-Mers. Ils vendent alors 400 livres un tonneau qui ne leur en a
coûté que 120. Le vin, écoulé comme grand cru, est exporté en Angleterre, mais il
se détériore, ce qui ruine le commerce. « À Londres, le vin ne se vend pas, car les
mélanges ne se gardent pas. La Guyenne sera ruinée si on n’interdit pas ce type de
pratique »”°. Cette méthode n'est pas seulement le fait de marchands peu scrupu¬
leux, car il est dans l’usage du temps de mélanger certains vins. On sait ainsi que
le président Pontac ouille son vin de Haut-Brion, avec celui de la maison noble de
Pez, 4 Saint-Estéphe, ou que le président Francgois-Arthus Lecomte se sert de son
vin blanc de Latresne pour ouiller les crus de Graves’’. Peu 4 peu, ces pratiques
sont remises en cause et si le changement n'est pas encore amorcé, la prise de
conscience est réelle.

Il est en outre des questions sur lesquelles les magistrats étaient fort en avance.
Lexperimentation et le savoir-faire nous échappent très souvent car ils relèvent de
la pratique empirique des hommes, qui fait rarement l’objet d’une mise par écrit.
La plupart du temps, on ne peut que constater le résultat, mais ce résultat même

7 Ibid., p. 192-193.

8 AD 33,3 E 856, f° 101, le 14/04/1700, inventaire du conseiller Jacques Duval.

§ AD 33, 3 E 7635, £°72v, 25/08/1675, contrat de fabrication de pressoir.

% AD 33,3 E 7635, f°56v, 09/07/1675, contrat de fabrication de cuve.

% Table du pressoir.

2 Il semblerait que le terme de treuil puisse être l'équivalent du pressoir.

% En Bordelais, cuve de bois de 7 à 8 hl pour transporter la vendange de la vigne au pressoir, qui permet de
faire deux barriques de vin. Les gargouilles sont un synonyme.

"4 Récipient de bois pour le transport de la vendange, équivalent de la hotte. En Bordelais, il s’agit d’une
cuve large, sans poignée, d’une contenance de 25 litres environ, qui se porte à l'épaule.

% Terme qui désigne un cuveau cerclé de fer, quelquefois de la contenance d’une demi-barrique, servant au

transport de la vendange, tout comme les hottes.

AN, G 7 131, correspondance du contrôleur général, généralité de Bordeaux, lettre de Faucon de Ris,

le 25/01/1683.

7 Bibliothèque Municipale de Bordeaux, fonds Itié, année 1689 ; Archives de Bordeaux Métropole, ms

635, livre de raison du président Lecomte de Latresne.

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