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mort du dernier des fréres Temminck, la baron s’inquiete|... « de trouver un autre
commissionnaire capable de lui assurer une bonne vente »*. Lauthentification des
barriques était la meilleure garantie de vente puisqu’en 1741, on lui écrivait de Rot¬
terdam : « Le vin de votre seigneurie est bien connu ici. » Le marquis de Ger d’An¬
gosse qui produisait du Vic Bilh, adoptait exactement la méme stratégie, visant a
certifier la qualité de sa production pour mettre en confiance le consommateur
potentiel : « Monsieur le Marquis d’Angosse envoie tous les ans ses vins à l’étran¬
ger sur son compte ; il prend toutes les mesures possibles pour qu’ils parviennent à
leur destination dans toute leur pureté »*

/étude la plus récente est celle que nous avons dirigée sur le Cahors due à
Sophie Lafon-Brenac**. Elle est fort intéressante car elle nous permet de com¬
prendre la différence avec un autre schéma. Il en résulte une vue d'ensemble qui
montre que, comme ailleurs, le siècle de Louis XIV fut ici celui de la mise en place
d'une viticulture moderne de qualité; mais avec des spécificités locales tout à fait
originales puisque nous n'avons pas du tout affaire ici à un vignoble de grands
domaines mais au contraire à une propriété très morcelée, plus des trois quarts
des exploitations viticoles ne dépassant pas 2 hectares. C'est en particulier le cas
du grand vignoble urbain et suburbain, fort de plus de 2.000 hectares autour de la
ville. À Cahors, il y avait énormément de petits vignerons et ils étaient tout aussi
prédominants dans les paroisses rurales, la noblesse comme le clergé étant peu
représentés. La seconde moitié du XVII° siècle fut celle d'une grande extension,
l'aire de production s'étendant alors à l'ensemble de la sénéchaussée pour répondre
aux besoins commerciaux de Bordeaux.

Ces témoignages laissent en tout cas un vaste champ d’investigation pour pré¬
ciser ailleurs qu'en Bordelais le lien entre les élites urbaines et la vigne.

Les dernières avancées

C'est entre autres ce que s’est appliqué à faire le récent colloque Ville et vin en France et
en Europe co-dirigé par Marguerite Figeac-Monthus et Stéphanie Lachaud-Mar¬
tin qui est l’un des apports les plus importants à la question“. Dans cet ouvrage,
nous souhaitons réserver une place particulière à l’excellent article de Jean-Pierre
Garcia, Thomas Labbé et Guillaume Grillon. Les trois auteurs ont en effet ob¬
servé pour le Bourgogne, un mouvement symétrique à celui du vin de Bordeaux.
Ils constatent qu'entre la fin du XVI siècle et la première moitié du XVII siècle
s'opère un important transfert de la propriété foncière viticole des communautés

® Ibid.,p. 151.

4 A.D. Pyrénées-Atlantiques, C 1361.

* Sophie Brenac-Lafon, Vignoble et vin de Cahors de 1650 a 1850, Pessac, Maison des sciences de ’Homme
d’Aquitaine, 2021.

# Jean-Pierre Garcia, Thomas Labbé et Guillaume Grillon, « La fabrique urbaine du terroir et des climats
en Bourgogne (XVI°- XVIII siécle), dans Marguerite Figeac-Monthus et Stéphanie Lachaud-Martin,
Ville et vin en France et en Europe du XV siécle a nos jours, La crèche, La Geste, 2021, p.144-163.

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