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Le Mao suit le patient travail de remembrement d’Olive qui démontre une fois de plus le rôle joué par les femmes dans le vignoble. Elle profite de l’émiettement excessif provoqué par les héritages pour racheter les unes après les autres les parts des héritiers. L'une des forces de son travail est de croiser données généalogiques et patrimoine foncier ce qui démontre l’omniprésence du milieu parlementaire. Pour le Sauternais qui nous intéresse plus particulièrement, la même tendance a été magistralement démontrée par Stéphanie Lachaud ; « Ces initiatives de clarification des structures foncières se déroulèrent massivement au cours du XVII° siècle et au début du XVIII: siècle*f ». Elle évoque parmi de très nombreux cas, Pierre de Pichard qui était seigneur de la maison noble de Coutet à Barsac et qui mena une politique d’acquisitions visant à unifier ses vignes. L’ensemble des achats qu'il effectua concernait des pièces de terre et vigne, au lieu-dit des Hautes-Graves à Barsac, et revenait à la somme de 597 livres. Chacune d’entre elles jouxtait une vigne appartenant déjà au seigneur de Coutet, illustrant ainsi cette volonté de remembrer. Les initiatives de rassemblement de terre passaient tant par les acquisitions nouvelles que par de très nombreux échanges qui montraient bien la volonté de rationaliser l'exploitation des domaines. Ces échanges ne concernaient pas forcément de petits bouts de terrain mais pouvaient porter sur de plus vastes domaines. Stéphanie Lachaud a par exemple retrouvé un contrat entre François de Sauvage d’Yquem le 13 février 1661 et Jean de Lamothe, avocat au Parlement qui échangeait la maison de Faubourguet à Preignac contre des pièces de vigne. Cette politique de consolidation du patrimoine s’'amplifia car il y avait un décalage chronologique avec le Médoc. « la culture de la vigne était ancestrale mais son caractère spéculatif la rendait sensible au changement agricole” » écrit Stéphanie Lachaud et seuls les grands domaines pouvaient initier les changements nécessaires. Les années 1650-1789 accentuèrent les premières grandes innovations culturales, avec une accélération dans la seconde moitié du siècle des Lumières. De multiples monographies conduites dans le cadre du master peuvent également confirmer cette évolution. On évitera peut-être le terme de « révolution » employé par Henri Enjalbert car de toute façon, sous l’ancien régime économique les évolutions sont toujours lentes et s'effectuent sur plusieurs années dans tous les domaines. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le colloque que nous avons dirigé sur la progression de la bouteille dans la commercialisation du vin *. Il n'en demeure pas moins que la constitution de ces grandes propriétés a constitué un véritable tournant dont témoignent d'innombrables études. Refuser de le voir revient à ne pas vouloir le lire et à nier la progression de la recherche. 36 Stephanie Lachaud, op.cit., p. 198. 37” Stephanie Lachaud, op.ciz.,p. 206. 38 Voir le colloque que nous avons dirigé Christophe Bouneau et Michel Figeac, le verre et le vin de la cave à la table du XVII: siècle à nos jours, 115