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tourage des aristocrates polonais réfugiés chez les Tatars“, mais il fut davantage
surpris lorsque le souverain tatar lui proposa du vin de Hongrie, probablement de
Tokaj, lors d’un repas de campagne militaire : « Jusques-là j'avais été nourri par
le Prince; nos provisions étaient toujours fraîches & je n'avais pas été à portée de
juger de celles qui nous étaient destinées pendant le cours de la campagne: mais la
disette des vivres au camp d’Olmar nous y prépara le premier souper vraiment mi¬
litaire. Je l’attendais sans inquiétude, mais non sans appétit, lorsque les Officiers de
la bouche vinrent disposer la table de campagne ; elle consistait en un plateau rond
de cuir de roussi, d'environ deux pieds de diametre : deux sacs accompagnaient ce
plateau ; de ces sacs l’on tira d’excellent biscuit & des côtes de cheval fumées, sur
le bon goût desquelles les éloges ne tarirent point. De la poutargue, du caviar“®
& des raisins secs, en succédant à ce service, compléterent le festin. Comment
trouvez-vous la cuisine Tartare, me dit le Kam en riant ? Effrayante pour vos en¬
nemis, lui dis-je. Un Page auquel il venait de parler bas, me présenta un moment
après, la même coupe d’or qui servait à son maître : goûtez aussi ma boisson, me
dit Krim-Guéray. C était d’excellent vin de Hongrie, dont il continua de me faire
part pendant toute la campagne“. »
Nous ne connaissons pas l’origine du vin de Hongrie du khan des Tatars, mais
probablement, il s’agit d’un vin de Tokaj qu'on pouvait transporter assez facilement
jusqu’en Crimée. Reste à savoir s’il ne s’agit pas ici d’une appellation générique
« vin de Hongrie », c’est-à-dire un vin liquoreux fabriqué à la manière hongroise ?
Comme nous l'avons montré plus haut, les vignobles de Crimée produisaient cer¬
tainement à cette époque un vin de qualité comparable à celui de Tokaj.
Après l’annexion de la Crimée en 1784-1785, la tsarine Catherine IT voulut in¬
troduire les cépages des vignobles de Tokaj-Hegyalja dans cette province nouvelle
de ses pays et fit acheter 30 000 pièces de vigne de Tokaj pour les vignobles de Cri¬
mée. Le prince Grigori Potemkine chargea le lieutenant Iouri Bimbolozar** et le
cornette Vasili Poretchanine“” d’acheter les vignes pour les plantations en Crimée.
L'affaire fit beaucoup d’éclat car les lois hongroises défendaient l'exportation des
pièces de vignes du pays. Même si l’empereur Joseph IT et le chancelier autorisaient
la sortie des vignes, les autorités du comitat de Zemplén s'y opposèrent fortement.
L'affaire éclata lorsque 19 000 pièces venaient d’être transportées et le reste des
vignes furent coupées en morceaux en janvier 1785 par le gens d’armes du comitat.
Ensuite, l’intervention du chancelier Kaunitz permit finalement l’envoi du reste de
la cargaison en Crimée.
# « Les Comtes Crazinski & Potoski nous y reçurent avec toute la considération due au Prince que nous
réprésentions ; mais ce qui plut davantage à l'Ambassadeur Tartare, ce fut le bon vin de Tockai dont on
le régala. » Idem. p. 202.
La Poutarque & le Caviar sont des ceufs de poisson salés, mais différemment préparés. Note du baron
de Tott.
47 Mémoires du baron de Tott... op. cit., p. 211.
Le fils d’un marchand de vins de Tokaj, Janos Bimböläzär au service de Russie.
Descendant de la famille Parécsanyi de Szerémség.
László V. Molnár, c Tokaji borok a cárok asztalán. Adalékok a 18. századi hegyaljai borok oroszországi
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