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il s’étend aux couches fortunées et devient la boisson emblématigue des philosophes. Le XIX® siècle en fera un vin symbole, une sorte d’étalon qu'il faudra imiter. Il faut dire que ce vin était surtout connu en Europe Centrale et en Europe de l'Est. Il avait une concentration en alcool qui, dans le contexte de l’époque, était très apprécié car elle permettait une meilleure conservation et un vieillissement. Mais, quelle que soit la période, le tokay est acheté car il se conserve longtemps et bien. La question de la conservation est en effet un enjeu majeur car c’est elle qui conditionne les prix. En effet, la vigne étant une culture spéculative, les vins qui sont rares, sont bien évidemment plus chers sur le marché, d’où l’intérêt pour les producteurs de produire modérément en respectant des normes conduisant à la qualité. Par ailleurs, il n'alimente pas des marchés ordinaires et constitue une sorte de curiosité dans les caves des élites politiques et économiques. Les écrits des voyageurs, des scientifiques et des amateurs éclairés français contribuent à en faire une boisson d'exception digne des plus grands aristocrates. Les auteurs de traités se recopient d’ailleurs parfois dans leurs appréciations. En ce qui concerne la réputation du tokay, elle reste, à la fin du XIX'siècle, discutée même s’il est impossible de nuancer un symbole qui doit garder sa part de mystère et qui est une sorte de marqueur de la Hongrie. La réputation de ce vin est liée à la mode qui en fait un vin fragile qu'il est toujours nécessaire de préserver et de protéger. GER) ë Co 32