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+ KÉP, JELENLÉT, KENOZIS ? ment en secret. Ils demandent secours. Ils attendent — par la prière du travail — que quelque chose d'autre surgisse, qui ne vient pas de nous. Quelque chose nous sera donné que nous n’attendons pas. Tout au fond d'elle, la parole humaine appelle sans nommer. Nous attendons sans pouvoir la nommer la preuve de chair de la fin du duel. Le duel de la matière et de l'esprit. Fin d’une séparation, et preuve touchée de la spiritualité de la matière, c’est-à-dire de la matérialité de l'esprit. La fin d’une fixité tuante. Fin, dépassement de la mécanique manichéenne qui est un sans issue dans la pensée. Nous attendons, à travers les contraires, par sur-lèvement, l'ouverture de la respiration qui croise, renverse, joint et sépare à nouveau pour renaître. Nous attendons une preuve touchée et une vue touchée. Dieu prouvé par les sens: trouvé dans la chair. Dieu comme l’embrasseur, |’épreuve et le toucher du temps juste. La preuve de Dieu est l'épreuve — rien qu’un instant — du temps juste. Toucher le temps. Dieu se manifeste par la présence soudaine, dans nos mains, de la plénitude du temps. Qu'est-Il ? sinon le temps entendu entier ? Polyphonie une. Le un pluriel. L’attente, l'entente du temps tout entier. L&coute de l'entière amplitude du temps — l’unité des temps : une reconnaissance. Si l’on entre dans une chapelle byzantine, ce qui frappe c'est la présence simultanée de toutes les scènes du drame messianique : les douze fêtes ; les trois temps (« un temps, deux temps et la moitié d’un temps ») ; les quatre temps ; la valse de la grande horloge tournoyante a mille temps; la fin des temps, le dépliement, le déploi, le kaléidoscope de la Bible, dans un ordre profusionnel, mais toujours autour d’un point attendu, d’un suspens : le Pantocrator parfaitement en équilibre audessus de nos tétes. Tenant de trois, et de deux doigts, joints, la fin et le commencement. Nous l’attendons : il vient ; il faut ’appeler Le Veneur... Et pour que nous continuions à l’attendre, il passe parfois furtivement nous toucher. L'expression touché par la grâce le dit bien. Elle dit bien de ce qu'il y a de tactile, de charnel, dans l'expérience du souffle du temps vrai. Par le drame, et au travers du drame matériel de l’esprit, une certitude + 238 +