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+ KÉP, JELENLÉT, KENOZIS ? VALÈRE NOVARINA: POUR EN FINIR AVEC LE SACRÉ. LETTRE À ENIKO SEPSI“S Mardi 15 septembre Tu sais, chère Enikô — pour répondre à ta question —, comme je me méfie de ce mot « sacré » qui sépare, clôt Le divin, enferme la déité entre quatre murs, nous l’interdit — au lieu que le messianisme l'ouvre et invite à l'approche, nous l'offre incarné : chacun des livres de la Bible ouvre un chemin, déplace un obstacle, ne barre jamais la route — veut non nous fair voir Dieu, ni le définir, ni le comprendre, mais le toucher et être touché par lui; de tous les dieux de l'univers, celui des messianistes (les chrétiens au sens littéral) est le seul mis en chair comme nous, venant ici mourir comme nous et par sa mort nous indiquant le chemin pour renaître. Dans l'Évangile, le Christ sans cesse touche, est touché : il y a dans le mot messie le souvenir d’une onction — et comme la présence d’une preuve tactile. Tout le contraire d’une mise à distance et d’un interdit. Lincarnation, pierre fondamentale, « chair d'angle », axe central et âme du christianisme, nous parle à chaque instant de cette donnée, de ce don de Dieu, de sa venue : il s'offre en chair, tombe comme nous dans la mort ; nous touche, se croise à nous, se mêle à nous dans la croisée respiratoire de la prière, s'offre à nos lèvres — dans l’impensable échange théophagique : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6, 56). « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu », la formule, je crois, est d’Irénée de Lyon : elle indique la sainteté comme une voie ouverte et non plus le sacré comme un mur d’interdits. Le Christ est un dieu touchant qui s’approche de nous. 1418 A szöveg franciául először Magyarországon jelent meg in Sepsi Enikő (szerk.): Le théátre et le sacré — autour de Veeuwvre de Valére Novarina, Budapest, Ráció Kiadó, 2009, 142-149. Kés6bb in Valère Novarina: La quatrième personne du singulier, 55-76. + 232 +