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Dans le cas d’actes préjudiciables provoqués par la passion, on pourrait voir que le caractère — en tant que déterminant pour la prise de décision d’un individu — peut également influencer les affaires juridiques. Dans Rhéforique, Aristote a attribué de l’importance au caractère dans la détermination de la culpabilité d’une personne par rapport à un crime. Cela diffère des pratiques actuelles, où le caractère n’a d'importance que par rapport à la sévérité de la punition. Selon Aristote, l’image que le juge se fait du caractère de Paccusé au cours de la procédure est crucial, car il s’agit de la position par défaut qui servira de base à l’évaluation des preuves. l* Si le juge à une impression positive de l'accusé, Pimportance de la preuve est moindre ; et si ’impression est négative, les preuves mineures ont tendance à être surestimées. Ainsi, le caractère — l’image globale d’une personne fondée sur un comportement antérieur — aide le juge à déterminer si Paccusé a commis un crime donné. Tout cela offre cependant une opportunité de manipuler le jugement, et c’est finalement cet aspect qu’Aristote met en évidence. L'effet d'événements antérieurs sur la probabilité d’avènements de nouveaux événements a été exprimé avec une précision mathématique par Thomas Bayes, un statisticien anglais du 18° siècle. Son théorème explique comment la probabilité d’un événement futur est influencée par la connaissance du nombre de fois où le même évènement s’est produit ou a échoué. ! De plus, si un événement s’est produit dans le passé, sa probabilité de se répéter change en fonction des informations supplémentaires recueillies sur l'événement. Dans un contexte judiciaire, le caractère de l’accusé défini l'hypothèse de départ : quelle est la probabilité à priori que la personne donnée ayant un caractère donné commette le crime en question ? Par rapport à ce point de départ, les preuves liées 14 Aristote : Rh. 2.1.4. 15 Bayes 1764, 399. 27