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DE LA BONNE MONNAIE d’aristocrates protestants se convertiront au catholicisme et seront méme des citoyens autrichiens. Cette sympathie à l'égard de l’Autriche-Hongrie s'explique par une double raison : la situation de la religion catholique d’une part, le manque relatif de conflits sociaux de l’autre. Le double processus de sécularisation et de modernisation n'étant pas ici dans une phase aussi avancée qu’en France ou en Allemagne et c'est à cause de ces caractéristiques que les « rénovateurs sociaux » voyaient la Monarchie comme un terrain d’expérimentation (cadre autrichien, idéologie française : cette ambiguïté de l’Union de Fribourg est manifeste dans certaines documents et procès-verbaux). Il est donc juste d'affirmer que l'apport du catholicisme social avait été peut-être le plus efficace justement en Autriche. Cela dit, le manque d’une centralisation issue du nationalisme a laissé intacte les niveaux intermédiaires de l'exécutif et du législatif. La survie des formes traditionelles d’autogestion, d'autonomie et de tendances locales et régionales, les moyens de défenses des classes agricoles, le rôle reconnu de la noblesse héréditaire étant encore présent dans ce pays, les propositions de l’Union de Fribourg ne passaient nullement pour des utopies. Des partis comme le Christlichsoziale Volkspartei de Lueger vont en profiter davantage. En même temps, l’histoire et les propositions de l’Union de Fribourg s'inscrivent au cœur de l’histoire de la sécularisation de la société européenne. Ce processus sociologique peut être conçu comme phénomène historique : les mouvements sociaux ne sont que ses étapes, marquant ses époques. La transformation sociale en Europe — outre les phénomènes spontanés — est sans doute basée sur des changements idéologiques. Ce changement peut être défini par la modification du rapport des forces entre rationalisme et morale dans le développement social. La modernisation — cartésienne — va avec le rejet de la pratique religieuse. Il est donc impossible d’écarter les références théologico-éthiques des propositions de l’Union de Fribourg qui, pour sa part, visait le recul de ce processus. En 1870-71, la chute de VEtat de l’Église est à la fois un événement factuel et symbolique. L'Etat pontifical cesse d’être un modèle et l’Église, sans l'expérience réelle de la société européenne en transformation, ne sera plus en mesure de fournir un exemple de la cité céleste sur terre. Les conflits sociaux appartiendront dès lors à un domaine d'intérêt plutôt théorique que pratique. La réponse de l’Église à la question sociale dépendra en partie des théologiens en raison de l'explication du problème par la théologie morale ; mais aussi des laïcs qui, connaissant mieux la situation réelle des classes sociales et des affaires, recherchent la solution de la question. Il s’agit du premier exemple de l'élaboration d’une doctrine de l’Église à laquelle maints laïcs donnent leur contribution. La doctrine sociale de l’Église, adaptée aux nouvelles conditions de la civilisation européenne, sera ainsi le fruit des efforts communs des hommes d’Église, des savants et des hommes +19 c
