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DE LA BONNE MONNAIE en töte du mouvement, ce sont eux qui servent d’interprete entre ouvrier et propriétaire, entre société et économie, acteurs et institutions. C’est a cause de ce statut ambivalent des catholiques sociaux qu’il est difficile de les classer : leur idéologie est de droite, mais leurs actions rencontrent souvent celles de la gauche. Pour pouvoir discerner leur appartenance politique, il nous faut savoir de quel groupe de catholiques il s’agit. Car, rien de surprenant, il en existait plusieurs. La transformation sociale se déroule en phases et en volumes différents dans les pays européennes, les groupes catholiques sociaux différents ont chacun ses propres programmes. Le réveil de la conscience sociale de ces groupes n'est pas du tout tardif : ils débutent en même temps qu'apparaissent des mouvements de gauche. La formation d’un programme commune se fait attendre, certes, mais il est évident que la formation d’une idéologie catholique dépend de la volonté du Saint-Siège. Après des périodes de recul, au début des années 1880 un forum commun des catholiques sociaux apparaît sur scène : ce sera la future Union de Fribourg. C’est à partir de ce moment qu'il est possible de parler du « catholicisme social », étant donné que la notion est dépourvue de l'adjectif national : formellement, il existe désormais un mouvement, une école reconnue par l'Église catholique. Cette école — fortement marquée par celles de La Tour du Pin et de Vogelsang — est caractérisée par sa conviction contre-révolutionnaire, par son anticapitalisme et par sa fidélité à la tradition catholique. Elle est issue d’une lignée monarchiste de la droite, légitimiste et antijudaïque. Elle essaie non pas une simple restauration de la société d'autrefois, mais un renouveau de celle de l’époque donnée. Dominée par les pensées de Frédéric Le Play, ses buts ne sont pas la répression des actions et théories immorales, mais en cherchant les solutions pacifiques, l'établissement d’une harmonie sociale. Ce sont des aspects qui la poussent vers une certaine autodéfinition de gauche : l'intérêt social est bien plus une caractéristique de la tradition de ce côté que celle de la droite. « Sociale parce que catholique » — elle se distingue des autres écoles sociales et chrétiennes telles une interprétation de Buchez où « chrétien » est l’adjectif du socialisme ; et de l’école d'Angers où Mgr Freppel (1827-1919) avec le soutien de Mgr Dupanloup (1807-1878), évêque d'Orléans tentait repousser l’idée de l'intervention quelconque de l'Etat, faisant revivre ainsi la tradition catholique libérale. Le catholicisme social avait des adversaires redoutables : les mouvements divers de la gauche — proudhoniens, lassalliens, les opportunistes, les revisionnistes et bien d’autres. Mais à partir des années 1880, il s’agit de plus en plus du socialisme marxiste révolutionnaire. De l’autre côté le mouvement était menacé par le socialisme d'Etat de Bismarck. C’est un Etat-nation fort, face à une Église dépourvue de son pouvoir temporel, les deux s’affrontant pendant le Kulturkampf. Ce conflit divise les chrétiens allemands, nombre +18 +