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CANADIAN LANDSCAPES/ PAYSAGES CANADIENS cette traversée gui nous fait penser au roman La route de Cormac McCarthy. La, un pére anonyme essai de gagner le Sud ensemble avec son fils aprés une apocalypse d’origine indéterminée. Il y a un côté « Le petit prince » chez Olio. Guay-Poliquin le confirme: «Olio, c'est mon petit prince à l’envers » (Lapointe). Ce petit garçon blond qui sort de nulle part, qui pose des questions mais qui ne répond pas toujours quand on lui en pose, fasciné par l'aviation. Comme le garçon dans La Route, Olio est également porteur de la promesse d’un autre monde. Comme le dit Jean-Paul Engélibert, à propos de l'imaginaire de la fin du monde: «Il ne s’agit pas de sauver un monde passé, mais d’en inventer un autre » (137). Refermé par la forêt, cet espace prend son côté mythique d’un lieu de secrets et de silence. Comme on le lit dans le livre: Elle est le commencement et la fin. Elle précède les regards, elle leur succédera. Elle est l’épicentre, le nœud, le refuge et la geôle. Elle fascine autant qu'elle effraie. Sous sa chape, les rencontres sont rares et décisives. [...] Toutes les âmes rêvent de s’y perdre. Mais aucun être ne sort indemne de son étreinte. Elle est la solution la plus simple, la plus totale, la plus opaque aux calculs des cœurs inquiets (Guay-Poliquin, Les ombres filantes 9). Bachelard parle à ce propos de l’immensité intime de la forêt: «Cette immensité naît d’un corps d’impressions qui ne relèvent pas vraiment des renseignements du géographe. Il n’est pas besoin d’être longtemps dans les bois pour connaître l’impression toujours un peu anxieuse qu’on s'enfonce dans un monde sans limite » (170). La forêt donne ainsi le sentiment d’un emprisonnement désespérant, accentué par son mur des arbres qui façonnent et affectent la mentalité et la psychologie des hommes marqués par les sentiments d'écart, d’éloignement et d'indépendance. Ceci est aussi souligné par l’immensité de ce territoire insaisissable, inconnu à jamais et rempli de mystères, sur lequel Rachel Bouvet a écrit: «L’immensité est propice à l’abstraction, car l'aspect démesuré de ces espaces dépasse l'imagination; il est impossible de se les représenter concrètement, l’immensité demeure insaisissable par la raison » (64). Cette terreur de l’immensité se traduit dans Les ombres filantes par le sentiment omniprésent de menace qui règne à l'extérieur de la cabane de chasse, dont le huis clos se transforme en un espace de sécurité, une spatialité doublement enserrée par la forteresse des forêts. S’instaure ainsi une tension entre un monde sécurisé et un autre monde menaçant se trouvant au-delà, mais aussi entre un monde peuplé, et un monde désert, la forêt. La famille du protagoniste et leur communauté forestière des chasseurs aux noms propres à la mythologie gréco-romaine, se trouve refermée par la forêt, + 28 +