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LES INTER-TEXTES AUX FRONTIERES DELA PEINTURE;LA POETIQUE VISUELLE DE SIMON HANTAI esthétique. De ce point de vue, l’hypothèse selon laquelle la peinture de Hantaï s'oppose apparemment aux courants novateurs radicaux des années 1960 ne semble pas irraisonnable? en réalité - même si cela peut sembler paradoxal — car sa peinture tourne le «visage arrière en avant. » Les interpellations mutuelles : La « lecture » philosophique de la peinture de Hantaï et la lecture picturale de la philosophie C'est à l’époque des tentatives de légitimation de l’histoire de l’art et de la théorie de l’art, dans les décennies où les théories de la fin de l’art étaient à la mode, c'est-à-dire dans les années 1980 et 1990, que plusieurs personnages connus de l'élite intellectuelle, parmi lesquels Georges Didi-Huberman, Hélène Cixous, Jean-Luc Nancy et Jacques Derrida découvrent Simon Hantaï, le peintre d’origine hongroise. Derrida, Nancy et Didi- Huberman s’interrogent également sur la problématique de l'empreinte (trace, vestige, matrice, etc) mais tandis que Derrida l’aborde principalement à travers les textes et la langue, Didi-Hubermann et Jean-Luc Nancy l’abordent à travers les images. Quoique de manières différentes, ces derniers relient la problématique en question à l’idée de la fin de « l’ère de l’image ». Dans un ouvrage consacré exclusivement à l'exposition intitulée «Empreinte », Didi-Huberman se concentre sur la notion de « l'empreinte », et salue l’activité de Marcel Duchamp portant aussi sur ce sujet. D’après lui, dans son œuvre réside une certaine volonté de retourner à la création des empreintes — reconnue en tant qu’'activité artisanale — et qu’il considère comme un geste largement anachronique. Selon lui, c’est le paradigme de l'empreinte apparaissant chez Duchamp qui témoigne, en dehors de son actualité et de sa modernité, d’un tel anachronisme, arrachant l’histoire de l’art du piège qui consiste à emprisonner l’art entre deux extrémités : début et fin, modernité et postmodernité. Examinant l'empreinte comme démarche artistique, le processus de la création, les techniques, les méthodes et les pratiques de la création, l’auteur affirme que Didi-Huberman développe une notion de l’image dialectique par excellence à partir de laquelle l'empreinte construit, à la place de modèles optiques et métaphysiques, un modèle d'interprétation qui peut être décrit par les notions de ? G.Didi-Huberman, L’Empreinte. Paris, Centre Georges Pompidou, 1997. 3 Idem, La ressemblance par contact. Archeologie, Anachronisme et modernité de lempreinte. Paris, Les Editions de Minuit. « Paradoxe », 2008. «193 +