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« UNE NUEE DE SAUTERELLES APPORTEE PAR LE VENTA CINQ HEURES DU SOIR » pas-encore-là, un trop-tard et un trop-tôt simultanés, un quelque chose à la fois qui va se passer et vient de se passer. Et Chronos, au contraire, le temps de la mesure, qui fixe les choses et les personnes, développe une forme et determine un sujet?®. » Les trois modes temporels esquisses des Difference et repetition montrent que le schéma ternaire d’un present, d’un passé et d’un futur se complique si l’on veut tenir compte de l'événement. Se déployant sur deux modes temporels à la fois, Chronos et Aiôn, l'événement n’est plus ce qui a lieu dans le temps car l'instant où cela se passe ne dispose pas de la continuité d’un présent. C’est ce qui explique le paradoxe propre à l'événement : en faisant coincider le futur et le passé il fait appel au virtuel plié dans l'événement. Reste à comprendre comment le faire parler alors qu’il n’est qu’un effet incorporel, un devenir, une sensation : un effet de surface. Comment prendre ce qui résiste à la prise du sens ? Nombre d'ouvrages de Deleuze s'interrogent sur le langage, soulignant à chaque fois la nature hétérogène de celui-ci. C'est cet hétérogène, le temps non pulsé de Boulez qui s'inscrit au cœur même du verbe à l'infinitif, compris comme « mode et temps du devenir”. » Certes, les notes en bas de page dans Logique du sens tout comme dans Mille plateaux mettent en évidence l'influence de Gustave Guillaume dans la mise en perspective des deux temporalités dont l’infinitif participe. Les deux pôles relevés par Guillaume, soit le temps intérieur et le temps extérieur « correspondent l’un à l’infinitif-devenir, Aién, Yautre au présent-étre, Chronos.” » Logique du sens, toujours relativement aux Stoïciens, montre que leur modèle, par opposition au modèle de déclinaison opérant avec des noms, « comprend le langage à partir des termes plus «fiers » : les verbes et leur conjugaison en fonction des liens entre événements incorporels“! ». En effet, Le verbe à l’infinitif en tant qu’ «exprimé »“* d’un événement ne renvoie pas aux choses ou aux sujets, mais bien aux états de choses. « Les infinitifsdevenirs n’ont pas de sujet : ils renvoient seulement à un «IL » de l'événement (il pleut), et s’attribuent eux-mêmes à des états de choses qui sont des mélanges ou des collectifs, des agencements, même au plus haut point de leur singularité“. » D'où par exemple un agencement connu de Proust: « GUÊPE-RENCONTRER% Ibidem. 3° Ibidem, p. 322. 10 Ibidem. “LS, p. 214. 12 V.DR, p. 199-202. 8 Gilles Deleuze & Claire Parnet, Dialogues. Paris, Flammarion, 1977, p. 78. +173 +