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« UNE NUEE DE SAUTERELLES APPORTEE PAR LE VENTA CINQ HEURES DU SOIR » C’est dans Qu'est-ce que la philosophie ? que Deleuze et Guattari déterminent la créativité propre à chacune des trois grandes formes de la pensée. Ainsi l’art, la science et la philosophie affrontent-ils l'infini, le chaos tout en en empruntant chacun une stratégie différente. Alors que « la philosophie veut sauver l'infini en lui donnant de la consistance » avec ses concepts tracés sur un plan d’immanence, la science « renonce à l'infini» au profit d’un plan à coordonnées seulement «indéfinies ». Quant à l’art qui passe par le fini (plan de composition), par la création d’« affects » et « percepts» inédits, il «redonne de l'infini». C’est exactement ce passage, cette transition que l’infinitif, voire l’infinitif du syntagme contempler l'infini est à même d'assumer. Dans l’intention de circonscrire l’objet de recherche, les sciences n’investissent qu'une particularité délimitée de l'infini: les nombres, les flux infinis, l’espace infini, etc. Rien de tel dans le cas de la philosophie et des arts, puisqu'ils n’ont de l'infini que des saisies relationnelles, ainsi à l’investigation de l'infini proprement dite s'ajoute nécessairement l'étude de la relation susceptible de traduire entre autres l’étrange attrait que cette « zone d’indiscernabilité » continue d’exercer sur l’humain. D’ou le topos, cette « image de la pensée » tant investie et pourtant inépuisable si l’on considére ses innombrables représentations, lesquelles, quoique variées, sont nécessairement vouées a un perspectivisme essentialiste. Or, dans l'acte de contempler l’infini subsiste quelque chose qui y reste comme plié, replié, impliqué et résistant à toute expression. C’est ce repli de la matière et ce pli dans l’âme qui provoquent l’éternelle posture contemplative, sa promesse toujours réitérée d'événement qui l’habite. Redevable à Leibniz et à son infiniment petit dans l'effort de conquérir l'infinif, la philosophie deleuzienne s’offrira aisément à une étude sur l'infini tant elle participe de l'opération baroque par excellence, le plissement. Faisant appel au compte rendu d’Alain Badiou sur Le Pli — Leibniz et le baroque’, Laurence Bouquiaux oppose la philosophie du pli (celle en l'occurrence de Leibniz et de 6 Ibidem, p. 186. 7 Ibidem. 8 V. Gilles Deleuze, Différence et répétition. Paris, PUF, 1968. [désormais DR] « Le plus grand effort de la philosophie consista peut-être à rendre la représentation infinie (orgique). Il s’agit d'étendre la représentation jusqu’au trop grand et au trop petit de la différence [...] cet effort eut deux moments culminants, avec Leibniz et avec Hegel. », p. 337-338 ; d'où la définition de l'infini: « L'infini, en ce sens, signifie même l'identité du petit et du grand, l’identité des extrêmes. Quand la représentation trouve en soi l'infini, elle apparaît comme représentation orgique, et non plus organique: elle trouve en soi le tumulte, l'inquiétude et la passion sous le calme apparent ou les limites de l’organisé. Elle retrouve le monstre. » p. 61. ° Gilles Deleuze, Le Pli - Leibniz et le baroque. Paris, Ed. Minuit, 1988. [désormais P] + 167 +