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DE L'INFINI DU VISAGE À L'INFINI DU LANGAGE -— SUR L'ŒUVRE D'EMMANUEL LÉVINAS c'est-à-dire de la condition de possibilité du discours, qui se présente comme la caution de la perpétuation infinie du processus de production de sens considéré comme un des facteurs éthiques de base. Il convient notamment de le souligner, car le fait que l’intelligibilité et le fonctionnement de l'éthique à l’intérieur de la relation langagière s'exprime à l’aide de la structure représentée par l’idée de l'infini de Descartes, est également d’une importance particulière quant au statut de l'« éthique comme philosophie première ». Or, ce n’est peut-être qu’en s'appuyant sur cette structure cartésienne que cette éthique postmoderne et fort spéculative poussant les limites de la philosophie à l'extrême, est capable d'échapper au danger de l’irrationalité et de se préserver pour la réflexion philosophique postérieure?!. Nous pouvons donc affirmer, en guise de conclusion, que les constatations auxquelles Lévinas arrive dans le domaine de la philosophie du langage se fondent, dans chacune des deux périodes de son œuvre, sur l'observation suivante, à savoir que toute manifestation langagière est dotée d’un surplus, et c’est ce surplus qui est à l’origine de la signification. Cependant — suivant le soi-disant tournant langagier —, dans la deuxième période de sa philosophie basée sur l'expérience de l’Altérité, l’Altérité de l'Autre et l’idée de l'infini ne se manifestent plus dans le langage mais comme langage, et l'accent se met sur la détermination éthique de la relation langagière. Ainsi osons-nous dire, l’œuvre lévinassienne peut être considérée comme une sorte d’approfondissement de la notion éthique de l'infini conçue dans la lignée de la pensée de Descartes car, malgré le tournant langagier de Lévinas, les transformations opérées sur l’idée cartésienne tendent toutes dans la même direction. 2° V. Lévinas, Totalité et infini. Op. cit., p. 5-16. et Pavlovits, À végtelen ideäja Lévinasnäl és Descartesnal. Lévinas Descartes-értelmezése [L'idée de l'infini chez Lévinas et Descartes. L'interprétation lévinassienne de Descartes]. Op. cit., 146. + 165 +