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ÉvA MARTONYI dans son récit de voyage, de petits poèmes bien caractéristiques de son art et il envoie une série de quatrains directement à la Presse. S'agirait-il d’une réminiscence romantique ? Sans doute. Nous pouvons aussi bien penser a la fleur bleue de Novalis, emblème du romantisme par excellence”, qu'aux vers célèbres du poète anglais, Blake’!. Voici deux strophes de Gautier, la première et la dernière: «Du haut de la montagne, / Près de Guadarrama, / On découvre l'Espagne / Comme un Panorama, [...] Mais avant toute chose, / J'aime, au cœur du rocher / La petite fleur rose, / La fleur qu’il faut chercher”. » Le poète anglais dit la même chose dans un de ses poèmes: « Voir un monde dans un Grain de Sable / Et un ciel dans une Fleur Sauvage, / Tenir l’Infini dans la paume de la main / Et l'éternité dans une heure’. » On pourrait également citer d’autres exemples de cette attitude double du poète, par exemple L'obélisque de Luxor dans Émaux et camées de Gautier où il développe, cette fois-ci d’une façon plus approfondie, son émerveillement devant la grandeur de la nature et de la beauté de l’œuvre monumentale de l’homme: «Je veille, unique sentinelle / De ce grand palais dévasté / Dans la solitude éternelle / En face de l’immensité?”t. » Nous retrouvons ainsi l'expression poétique de l'infini sous son aspect double, au sens pascalien du mot, d’un côté l’infiniment grand et de l’autre l’infiniment petit, l'homme étant suspendu entre les deux. L’infini - dans l’espace et dans le temps - à propos du Désert de Le Clézio Au 20° siècle les choses se compliquent, se diversifient. Une distinction semble se produire, au fur et à mesure, entre ceux qui sont considérés comme des auteurs de récits de voyage et des écrivains pratiquant le récit de voyage en marge de leur œuvre romanesque. Néanmoins, les premiers, ceux qui ne produisent que des récits de voyage, ont souvent un message particulier à transmettre sur l'usage du monde, d’après la formule proposée par l’auteur suisse, Nicolas Bouvier”. 2° V. Novalis, Henri d'Ofterdingen. Trad. et préface par Marcel Camus, Paris, Aubier, 1942 (éd. or. 1802). 2° V. William Blake, Chansons et mythes. Paris, Éd. de la Différence, 1989. 22 Gautier, op. cit., p. 420. 3 Cité par Baul Brafford, L’infini littéraire ou lautre commence. www.paulbrafford.net.littérature/ théories/l’infini-littérature.html 24 Théophile Gautier, op. cit. p. 420. 25 Nicolas Bouvier, L'usage du monde. Paris, Payot, 1992, éd. or. 1963. * 112 "