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CONTEMPLER LINFINI : LES MÉDITATIONS RELIGIEUSES DE FRANGOIS II RÁKÓCZI mentaires sur l'Ancien Testament ou qu’il raconte son passé, c’est toujours dans la perspective de s’exposer au jugement de la Vérité qu’il se penche sur sa vie. Pour finir, en m'éloignant de cette perspective, je voudrais évoquer quelques absences dans la vision du monde du prince. Il ne s'intéresse absolument pas à la nature comme incarnation possible et concevable de l’Infini. Ni la mer ou l'océan, ni le ciel, ni le désert ou les prés n'apparaissent dans ses écrits. L'absence de description de paysages, de portraits peints de ses proches ou intimes avec des couleurs vivantes peut surprendre. Même dans les narrations, il ne s'étend pas sur les petits traits caractéristiques de ceux qu’il rencontre et qui restent ainsi des figurants dans son récit. Ses commentaires personnels manquent du piquant qu’une véritable plume poétique aurait pu ajouter aux faits et aux personnages racontés. Sa façon très cérébrale de présentation est liée à sa vision du monde, puisque certaines parties des Mémoires et de la Confession montrent toutefois, comme malgré lui, un talent d'écrivain. Sa perspective essentiellement religieuse l’a finalement empêché de développer son don naturel indubitable de devenir écrivain dans le récit de sa vie et dans ses réflexions. Il s’est refusé à orner la narration par des détails intéressants et s’est contenté d’un langage dépouillé (en latin tout aussi bien qu’en français) sans vouloir élaborer un style littéraire”. Dans sa pensée et dans sa narration, l’immensité est toujours restée abstraite et invisible. La bonté et la vérité émanant de Dieu symbolisent pour lui l'infini qui lui suggère les seules pensées et sentiments authentiques auxquelles il veut se conformer dans sa vie, une fois sa carrière terrestre achevée. C’est dans cette perspective qu’il commence à rédiger tous ses ouvrages en renonçant à toute vanité, et donc à toute ambition esthétique aussi afin de pouvoir se donner entièrement à la Vérité Éternelle, à Dieu. 2 On a des preuves formelles qu’il ne voulait pas faire corriger les fautes de grammaire et de style de ses œuvres par ses secrétaires et amis très versés dans le latin ou étant originaires de France. Il est allé même jusqu’à restituer des formules fautives dans les copies corrigées par d’autres. Sa volonté donc de sauvegarder son usage du monde très austère dans son écriture est indubitable. V. les études relatives à son style particulier publiées dans la série Archivum Räkôczianum citée ci-dessus par Istvän Borzsäk, Baläzs Déri et moi-même. + 75 +