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CONTEMPLER LINFINI : LES MÉDITATIONS RELIGIEUSES DE FRANGOIS II RÁKÓCZI comme la Confession. Ainsi, ce sont ces deux parties de l’histoire d’une vie, racontées séparément, qui constituent l’ensemble du bilan de conscience réalisé avec la conviction inébranlable que tout suit la volonté de la puissance divine omniprésente. Les deux ouvrages ont été rédigés dans deux langues différentes (latin pour le premier, confirmant l'importance du modèle augustinien, et français pour le deuxième). La relation entre le latin et le genre de la confession paraît évident, tandis que le choix du français prête à discussion dans les interprétations. Les historiens spécialistes de cette époque et de l’activite de Räköczi? argumentent pour prouver que le fait d’avoir choisi de rédiger ses mémoires en français traduit l'intention du prince de vouloir recommencer la lutte avec l’aide de la France. Il aurait écrit ses souvenirs pour plaider la cause des Hongrois, mais - selon eux - dans une perspective concrète en vue de solliciter de l’aide financière et politique. À mon avis, cette hypothèse ne prend pas suffisamment en compte un autre fait qui est que, tout au long de ce siècle, il fallait pour expliquer et commenter l’histoire du soulèvement pour l'opinion publique européenne recourir au français, qui était la langue commune de la communication en Europef. Dans mon interprétation, la chronique de cette guerre est un ouvrage politique et historique aussi, mais écrite dans un esprit religieux qui fait abstraction des conjonctures historiques. Les deux textes autobiographiques se distinguent en fait quant à leur finalité séculaire, par conséquent le public visé n’est pas le même: le prince s'adresse à ses contemporains aussi pour l’un, tandis qu'il ne prend en considération que la postérité dans l’autre. Le fond des deux textes reste pourtant identique et prend sa source dans la contemplation. C’est la foi profonde du prince en Dieu, incarnation de l'infini et de l'absolu qui lui fait voir tout sous le signe de la religion et ce trait unit les deux textes malgré certaines différences plus apparentes et superficielles que réelles. Une analyse focalisée sur la contemplation des événements terrestres dans l'optique de l'éternité montre indubitablement qu'il s’agit partout de la même conception. Par conséquent, de ce point de vue, il était justifié d'intégrer les deux ouvrages dans une chronologie linéaire’ en leur rétablissant une continuité que l’auteur n’a pas voulu exprimer de façon explicite. La question se pose alors de nouveau à juste titre, pourquoi avoir choisi deux langues et deux genres différents ? Pour résoudre le problème, il faut souligner la distinction subtile concernant l'identité du sujet qui écrit. Il est capital, pour éclairer le rapport de ces deux textes, de constater que Räkéczi 5 Notamment quelques éminents connaisseurs de son œuvre, comme Âgnes R. Vérkonyi és Béla Kôpeczi, auteurs de monographies magistrales et de nombreuses études sur le sujet. 5 V. Marc Fumaroli, Quand l'Europe parlait français. Paris, Éd. De Fallois, 2001. 7 V. L'édition publiée par Corvina: Lautobiographie d'un prince rebelle, Budapest, Corvina, 1977. +69 +