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IAcoPo COosTA défaut de la nature, comme c’est le cas des fous et des frénétiques (phrenetici, mente capti), dont la pensée est dissociée de la réalité sensible puisqu'ils pensent des choses qui n’ont aucune réalité, ils délirent ; deuxièmement, cette dissociation peut être produite par Dieu, qui par le moyen d’une intervention extraordinaire concède à l’intellect d'accéder à des réalités qu’il ne pourrait pas connaître par ses seules forces et par le moyen de l'expérience sensible. Le raptus est une expérience de ce deuxième genre”. La fin ultime de l’homme est, dans la vie après la mort, la connaissance intellectuelle de l'essence divine (ou vision béatifique), ce même type de connaissance dont Paul a joui, brièvement, durant la vie mondaine. Par conséquent, si l’homme subit une élévation a la connaissance intellectuelle de Dieu avant sa mort, il n’est pas porté vers une fin étrangère à sa propre nature, au contraire, il n’a obtenu que prématurément et de manière transitoire, ce que tout homme obtiendra à son heure de manière définitive. Il ne s’agit que d’une anticipation!®. Comment imaginer alors la violence du raptus ? Thomas l'explique clairement par un exemple d'ordre physique. La pierre tend naturellement vers le bas (deorsum) ; si on la jette vers le haut, on lui fait accomplir un mouvement qui est contraire à sa nature et qui, en tant que tel, est violent ; si l’on jette en revanche une pierre par terre en lui imposant plus de force qu'elle n'aurait par son propre poids, si donc on la lance violemment, on lui fait accomplir sa trajectoire naturelle, mais selon une modalité qui n’est pas celle de la pierre, puisque l'élan qu'on lui impose est trop rapide. Cette comparaison ° Thomas de Aquino, Quaestiones disputatae de veritate, 13, 1, responsio (Edition Léonine t. 22, p. 417, 148-160; tr. fr. Editions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2011): « Ainsi donc, il est transporté hors du mode naturel de sa connaissance lorsque, abstrait des sens, il regarde des choses hors du sens. Ce transport se fait donc parfois par un défaut de la puissance propre, comme cela se produit chez les frénétiques et autres malades mentaux ; et cette abstraction des sens n’est pas une élévation de l’homme, mais plutôt un abaissement. Parfois, en revanche, une telle abstraction se fait par la puissance divine : et c’est alors proprement une certaine élévation, car, puisque l'agent rend le patient semblable à soi, l’abstraction qui se fait par la puissance divine, qui est au-dessus de l’homme, est dirigée vers quelque chose de plus haut qu'il n’est naturel à l’homme » («Tuncigitur a naturali modo suae cognitionis transmutatur quando a sensibus abstractus aliqua praeter sensum inspicit. Haec ergo transmutatio quandoque fit ex defectu propriae virtutis, sicut accidit in phreneticis et aliis mente captis, et haec quidem abstractio a sensibus non est elevatio hominis sed magis depressio ; aliquando vero talis abstractio fit virtute divina, et tunc proprie elevatio quaedam est quia, cum agens assimilet sibi patiens, abstractio quae fit a virtute divina, quae est supra hominem, est in aliquid altius quam sit homini naturale »). 10 Thomas de Aquino, Quaestiones disputatae de veritate, 13, 1, ad 1m (Edition Léonine t. 22, p. 417, 188-192, tr. fr. citée, modifiée par nous-mémes) : « Par conséquent, si elle est élevée dans la vie présente pour qu’elle connaisse Dieu comme dans la patrie, ce sera contraire 4 la nature, comme il serait contraire à la nature qu’un enfant nouveau-né eût une barbe » (« Et sic, si in statu viae elevetur ad hoc quod cognoscat Deum secundum statum patriae, hoc erit contra naturam sicut esset contra naturam quod puer mox natus haberet barbam »). +46 *