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ADRIANO OLIVA philosophique revét donc, pour Thomas, une importance parfaitement intégrée dans le dessein divin de la providence. Contemplation et infini Thomas, en parlant du rôle de la volonté dans l’acte de contemplation, affirme que celle-ci meut d’abord l’intellect à contempler et qu’elle achève l’acte de contemplation. Si elle n’entre pas dans l’essence de la contemplation, qui reste un acte de l’intellect, cependant elle appartient en propre («accident propre ») à la contemplation, ainsi que la jouissance, qui est de l’ordre de l’affectus, et qui inhère à l'acte même de contemplation : « Le plaisir de la contemplation n’est pas causé par l'exclusion d’une peine, mais parce que la contemplation est délectable en elle-même : elle ne consiste pas en une génération, mais elle est une opération parfaite”. » Ce plaisir est double: «La démonstration du triangle n’est pas délectable en raison de la chose démontrée, car on ne s'intéresse pas beaucoup à un triangle, mais elle est délectable en raison de la considération même de l’intellect. Mais quand l’objet de notre considération est une chose aimée et que sa considération est délectable, alors le plaisir tiré de cette considération est parfait”. » Bien que Thomas ne parle ici que de la consideratio, étape préalable a la contemplation, ce double plaisir peut étre observé aussi dans la contemplation: l’un provenant de l’acte même de contempler, qui est un acte immanent au sujet et l’autre provenant du plaisir que l’objet contemplé cause dans le sujet”. J'ai voulu citer ici ce texte sur la démonstration du triangle, car il nous permet de comprendre comment pourrait s’articuler, selon Thomas, la considération ou contemplation de l'infini, s’il était permis de s'exprimer ainsi à propos d’un auteur du 13° siècle. Les textes de Thomas auxquels je ferai référence pour traiter ce dernier sujet sont principalement la q. 7 de la * Pars de la Somme de théologie, question qui date probablement de la fin de 1265, et le Quodlibet XII, de la mi-avril 1272, dont 24° Je-][, q. 35, a. 5, resp. (ed. Leon., t. 6, p. 244a). 25 « Aliqua enim consideracio dicitur delectabilis dupliciter, aut propter rem consideratam, aut propter ipsam consideracionem. Demonstracio de triangulo non est delectabilis propter rem demonstratam quia non curat quis multum de triangulo, set est delectabilis propter ipsam consideracionem que competit intellectui. Set quando consideracio est de re amata, et cum hoc ipsa consideracio est delectabilis, tunc est perfecte delectabilis ; sic est in sacra Scriptura : non solum est ibi delectacio de cognicione ueritatis, immo est etiam de rebus amatis » Sermo XIII, « Homo quidam fecit cena magnam » (éd. Leon., t. 44, 1,1. 241-250). 26 In III Sent., d. 35, q. 1, a. 2, sol. 1 (éd. M. F. Moos, p. 1177, n. 31-33). +40 +