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Gros bourgs et petites villes au coeur de la commercialisation, la transformation et la promotion des vins du Sauternais Accompagnant et encourageant de diverses maniéres les productions agricoles et viticoles, les petites villes, jouent également un réle essentiel dans leur commercialisation, leur transformation et leur promotion, en Sauternais comme ailleurs. Il convient en premier lieu d’évoquer la situation stratégique de carrefour des cités fluviales de Preignac, Barsac et Langon, dotées de petits ports le long de la Garonne, renforcée au XIX® siècle par l’arrivée du chemin de fer, qui fait d'elles des points de passage obligés du commerce des vins de Sauternes. Dans son article comparatif sur le Tokaï et le Sauternais, Marguerite Figeac explique qu'au XVIIT siècle et au XIX" siecle, le trafic des vins de Sauternes s’effectue essentiellement « grâce à la Garonne par les petits ports de Barsac et de Preignac et de 1a, le vin est directement acheminé à Bordeaux soit dans l'hôtel particulier du propriétaire souvent noble, soit dans les chais des négociants »?. Si les chargements partant de Preignac et Barsac sont principalement constitués de vins, les bateaux qui quittent le port de Langon, au trafic plus diversifié, participent aussi largement à l’acheminement des vins vers Bordeaux et au-delà. Ainsi, en 1845, les bateaux chargés à Langon emportent des produits de la forêt (planches, chevrons, bâches, échalas, merrains, cercles, sarments, barriques, etc...), de la paille, du bétail vif (1 000 têtes par an environ) et du vin, ce que confirme d’ailleurs Charles Grellet Balguerie dans son Guide pittoresque et historique du voyageur sur la Garonne de Bordeaux à Agen en 1843%*. Trente ans plus tard la cité occupe le troisième rang derrière Cérons et Barsac, en tonnage transporté, parmi les ports de la Garonne situés dans le département de la Gironde : les sorties concernent alors très largement les produits de la forêt (la térébenthine en plus) et plus timidement le vin (350 tonnes seulement)». Ce faible tonnage s'explique alors très certainement par le fait que pas mal de vin transite désormais par la gare de Langon, reliée à Bordeaux et Toulouse en 1855 et 1856 (ligne qui dessert également les petites gares de Barsac et Preignac), puis à Bazas en 1865 et enfin, en 1873, à la ligne d'intérêt local Le Nizan-Saint-Symphorien qui vient rejoindre cet embranchement*t. À Barsac, en 1869, un embranchement est même créé pour relier les chais Gaussens frères à la gare”. D’autres 32 Figeac-Monthus Marguerite, « Tokaj et Sauternes aux XVIII-XIX® siècles. Une comparaison possible entre deux vignobles ? », Histoire & Sociétés Rurales, vol. 35, no. 1, 2011, pp. 127-150. 33 Etat des marchandises partant du port dressé par la municipalité de Langon en 1845. Cité dans SAPALY André, Langon à travers les siècles, op. cit., p. 108. % Charles Grellet Balguerie, Guide pittoresque et historique du voyageur sur la Garonne de Bordeaux à Agen. Sites, châteaux, ruines et souvenirs, Bordeaux, Balarac jeune, 1843, p. 18. 35 Sapaly André, Langon à travers les siècles, op. cit., p. 108. 36 Jbid., p. 113. 37 Procès-verbaux des délibérations du conseil général de la Gironde, 1869. 187