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dans les recensements nominatifs de population de l’année 1901 nous a permis de comptabiliser les artisans du Sauternais et de comparer leurs profils, entre les villages de Bommes et Fargues et les gros bourgs et petites villes de Sauternes, Preignac, Barsac et Langon‘. Sans grande surprise, les villages de Bommes, Fargues et Sauternes, comptant alors respectivement 607, 804 et 936 habitants, présentent un petit nombre d’artisans travaillant en lien avec le monde agricole. Bommes et Fargues comptent ainsi trois forgerons, Sauternes deux. Les trois communes comptent chacune un charron. Sauternes est la seule à posséder un maréchal-ferrant et Fargues la seule à bénéficier de la présence d’un plieur de cercles. Seuls les tonneliers sont plus représentés dans cette terre de vignoblesf : cinq à Sauternes (dont quatre travaillent avec un ouvrier), cinq à Bommes (quatre d’entre eux ayant également un ouvrier) et deux à Fargues, ayant chacun un ouvrier.’ Ces effectifs, s’ils permettent de répondre aux besoins les plus urgents des habitants de ces villages viticoles, apparaissent bien faibles en regard du nombre d’artisans présents dans les petites villes voisines de Preignac (2605 habitants en 1901) et Barsac (2956 habitants en 1901), ou encore à Langon, chef-lieu de canton où l’on dénombre 4897 habitants en 1901. Le nombre de charrons, forgerons ou maréchaux ferrants, forcément plus élevé que dans les villages voisins n’a cependant rien d’exceptionnel : cing maréchaux-ferrants à Preignac comme à Barsac et huit à Langon ; quatre forgerons à Preignac et Barsac et quatre à Langon ; un charron à Preignac, deux à Barsac et cinq à Langon. En revanche, le très grand nombre d'artisans et d'ouvriers travaillant plus directement en lien avec la production de vin confirme à quel point ces petites unités urbaines, situées au carrefour des vignobles des Graves et du Sauternais sont marquées par l'empreinte socio-économique du monde vitivinicole. Certes, la ville de Langon ne compte pas beaucoup plus de tonneliers que Sauternes, mais ses six tonnelleries emploient une quinzaine d'ouvriers, ce qui laisse envisager des volumes de production bien supérieurs à Sauternes. Surtout, elle fournit de la main d'œuvre aux tonneliers des environs puisqu'une soixantaine d'ouvriers tonneliers langonnais travaillent dans les villages voisins (Saint-Macaire, Barsac, Preignac...)*. A Preignac, le recensement nominatif de population fait apparaitre en 1901 deux tonneliers et quinze fabricants de barriques, auxquels il convient d’ajouter quelques 160 ouvriers employés dans ce * Les recensements nominatifs de population n’ayant été conservés que de maniére fragmentaire pour le XIX*siécle en Gironde, il n’a pas été possible de réaliser d’étude diachronique sur la période envisagée. Le choix a été fait d’étudier l’année 1901, disponible pour toutes les communes du Sauternais et qui a le mérite de distinguer les patrons des ouvriers dans le secteur artisanal. 5 Le plieur de cercles réalise des cercles (de bois ou de métal, les deux techniques cohabitent au tournant des XIX* et XX* siècles) destinés à assembler les planches de bois qui constituent les barriques. ® Sur les tonneliers en sauternais, voir Lachaud Stéphanie, « Les tonneliers du Sauternais au XVIII°siécle », dans Lavaud Sandrine (dir.), Vendre le vin de l'Antiquité à nos jours, CERVIN, Bordeaux, Féret, 2012, p. 45-64. 7 AD33, 6 M 281/1/4, 6 M 133/2/4, 6 M 172/2/4 : Recensements nominatifs de population de Sauternes, Bommes et Fargues pour l’année 1901. 5 Sapaly André, Langon à travers les siècles, Langon, Office de tourisme, 1992, p. 152. 181