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en représente plus de la moitié alors gue le madére et le malaga sont peu présents. Cest pourtant le madére gui vaut le plus : 3,5 livres la bouteille, cependant guune partie du xérés nest évalué qu’à 2 livres la bouteille. Globalement, le prix au litre se situe essentiellement à 3 livres, celui d’une bouteille entre 2 et 2,25 livres. D’un certain point de vue, la cave de Gosselin ne correspond pas réellement à l’évolution qu'a connue au cours du siècle le goût français pour les vins ibériques : en effet, au XVIII siècle le malaga est le vin que l’on trouve le plus dans les caves parisiennes ; ce n'est plus l’alicante qui était le vin espagnol le plus fréquemment rencontré au XVII et au début du XVIII: siècle : dans les caves des notaires parisiens sous Louis XVI, les malagas groupent 76,9 % des bouteilles et carafons de vins ibériques. Les xérès (rotas et pacarets) et les madères sont peu présents et les portos n'apparaissent que très peu. Après 1820, les malagas reculent au profit des xérès et des madères qui représentent dans les caves des notaires 40 % des vins ibériques sous la monarchie de Juillet. On ne limitera pas la présence des vins ibériques aux caves des Parisiens : Frédéric Duhart a souligné qu’à la fin du XVIII siècle on pouvait aisément en trouver dans l’ensemble du royaume, aussi bien au Mans qu’à Lille, Coutances, Brest, Chartres ou Colmar‘. Ils régnaient surtout sur les tables de grands restaurants parisiens ou dans les caves de quelques très riches particuliers. Ainsi en est-il du restaurant Gautier où, en 1821, ils groupent 2365 bouteilles sur 6519, soit 36,2 % et surtout 46,5 % en valeur. Dans les caves du restaurant Les Trois frères Provençaux en 1841, leur part est beaucoup plus faible : 1059 bouteilles sur 20899 ; en quantité, c’est néanmoins beaucoup". Parmi les riches amateurs, figure l’un des hommes qui symbolisent le mieux la haute société de la fin du XVIII et du début du XIX° siècle, Talleyrand : «il affectionnait tout particulièrement ces vins d’Espagne : le madère, mais aussi le xérès ou jerez (le Sherry wine des Anglais), le malaga très sec et le moins liquoreux possible qu’il faisait venir sous l’Empire jusqu’au fin fond de l’Europe et commandera plus tard par barriques entières, de Nantes, par son banquier, Delessert »°?. Les prix de ces vins d'Espagne, comme nous l’avons déjà souligné, sont élevés, comparables à ceux des meilleurs bourgognes ou bordeaux rouges, équivalents et souvent supérieurs à ceux du champagne mousseux, mais ils sont nettement inférieurs à ceux d’autres vins étrangers, beaucoup plus rares il est vrai. Ainsi, les vins méditerranéens ou orientaux, ceux de Chypre, Syra ou Syracuse, voire de Smyrne, n'apparaissent que quelquefois. Plus fréquents sont les vins du Cap et de Constance ou Constantia, et les tokays. C’est a partir du milieu du XVIII° siècle que les uns ou les autres sont présents dans les caves parisiennes. Avant 1750, seuls deux de nos inventaires en contiennent : celui du marquis d’Efhat en 1719 : 10 bouteilles de vid y el vino in Alacant : una sintesis historica », dans La vid y el vino en Alicante, n° spécial Canalobre, année 54, p. 11-26. 80 « Los vinos andaluces en la Francia ilustrada », art. cit., p. 250-251. #1 Sur les restaurants, J. P. Poussou, « Une source importante pour l’histoire de la consommation des vins parisiens et son évolution... », art. cit. # Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Derniéres nouvelles du diable, Paris, CNRS éditions, 2011, p. 70. 170