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nous savions déja gue les vins doux et de ligueur étaient fort appréciés dés la fin du Moyen Âge, tels les célèbres malvoisies qui étaient à l’origine des vins grecs produits à partir d’un cépage du même nom”. Quant aux vins ibériques, ils simposent à partir du XVII siècle, ou plutôt c’est à ce moment-là que nous constatons leur forte présence. C’est ainsi qu’à cette époque, à Paris comme à Londres ou à Amsterdam, les vins d’Alicante sont très prisés, au point qu’il s’en fait une forte consommation. Certes, « le vin d’Alicante était connu et exporté dès la fin du Moyen Age mais ses ventes connurent une forte impulsion lorsque l’Europe occidentale se trouva coupée de ses sources d’approvisionnement en vin de type grec’ par la prise de la Crète par les Turcs en 1569 », a souligné Alain Huetz de Lemps*°. Nous n'avons cependant qu'une documentation très réduite sur l'importance des vins d'Espagne à Paris à cette époque. Ainsi, en 1647, Louis et Jean Boussaingault, importants marchands de vins, sont poursuivis pour avoir fait venir une pipe“? de vin d'Espagne non déclarée au bureau de la ville“!. Par ailleurs, dans l’une des plus célèbres pièces de Molière, Scapin confesse : « j'ai bu avec mes amis ce petit quartaut” de vin d’Espagne dont on vous fit présent il y a quelques jours »*. Enfin, lors de son séjour à Paris en 1698, le voyageur anglais Lister note que « l’on trouve à Paris toute sorte de vins d'Espagne, Canaries, Palma, Malaga de montagne, rouge et blanc, Xérés »**. Mais les inventaires de caves amènent à des points de vue tout à fait opposés. Déjà, Françoise Bayard ne trouve pas trace de ces vins dans les caves des financiers français du début du XVII: siècle, à l'exception peut-être, chez Abel Servien et Antoine Arnauld, « d’une pipe et d’un demi-muid® de vin muscat**, qui peut être espagnol ou grec, à moins qu’il ne soit languedocien »*. Pour notre part, nous n’avons trouvé aucune mention de vins ibériques dans les inventaires de la seconde moitié du XVII° siécle que nous avons dépouillés, y compris dans des 38 Au XVIII siécle, nous avons des malvoisies de différentes origines, parfois du Languedoc, mais surtout d’Espagne (notamment du malvoisie des Canaries), et plus encore de Madère. Tout laisse à penser que la mention « malvoisie » sans autre précision renvoie à cette époque à du vin espagnol ou portugais. Vignobles et vins d'Espagne, Talence, Presses universitaires de Bordeaux, 1993, p. 78. À Paris, comme à Bordeaux, la pipe vaut 402 litres, soit la moitié d’un tonneau ; la queue est une mesure équivalente. — Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, Paris, Fayard, [1997], nouv. éd. 2006, p. 1017. Michel Surun, Marchands de vin en gros a Paris au XVIF siècle, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 358-359. Le quartaut parisien équivaut à un quart de muid, soit 67 Litres. — Dictionnaire du monde rural, op. cit., p- 1073. Les fourberies de Scapin, Georges Couton éd., Paris, Folio classique, 1978, acte II, scöne III, p. 246. Voyage de Lister à Paris en 1698, Paris, Société des Bibliophiles, 1873, p. 150. Un muid vaut 268 litres. La pipe ou la queue valent un muid et demi. —Dictionnaire du monde rural, op. cit., p. 910-911. Les muscats sont des vins doux très sucrés, majoritairement blancs, bien qu’il ne soit pas rare d’en rencontrer des rouges. Ils posent un problème insoluble pour notre recherche car il est impossible de savoir s’ils sont français, espagnols ou portugais. Tout laisse à penser qu’ils sont surtout espagnols, mais on ne peut oublier que Frontignan, Rivesaltes ou Lunel en produisent, ce qui est un des changements importants du XVIII: siècle puisque jusque-là, souligne Gilbert Garrier, ils venaient de Grèce, d'Italie ou d’Espagne : Histoire sociale et culturelle du vin, op. cit., p. 104. — Quoiqu'il en soit, nous nous rappellerons que pour Grimod de la Reynière le vin muscat est, au dessert, un véritable nectar » : Écrits gastronomiques, éd. Jean-Claude Bonnet, Paris, UGE, « coll.10/18 », 1978, p. 427. « Les caves des financiers français. », art.cit., p. 143. 4 S 4 4 DS 4 3 4 EK 45 4 a 47 164