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cole Lemaitre”, Francoise Bayard" et Annick Pardailhé-Galabrun”. II nous est apparu que, malgré les difficultés inhérentes 4 ce type de document”, il était possible d’utiliser cette source de manière sérielle sans pour autant prétendre à une exhaustivité rendue impossible par l'ampleur de la documentation représentée par les minutes notariales de la capitale, sauf à mettre sur pied d'énormes équipes". Nous avons donc procédé par une série de sondages aléatoires allant de la fin du XVII siècle à la fin du Second Empire, le tout représentant plus de 3000 inventaires avec des caves d’une très grande variété puisque les unes n'ont pas de vin, ou simplement quelques bouteilles, alors que d’autres ont des centaines et même dans quelques cas des milliers de bouteilles!*. La valeur de la source dépend bien évidemment du soin avec lequel le tabellion et son équipe ont réalisé la prisée. Une difficulté essentielle est que l’importance et l’état de la cave peuvent dépendre d'un côté de l’âge du défunt et de son état de santé!f, de l’autre du délai entre la date de son décès et celle à laquelle a été effectuée la prisée, les héritiers ayant pu consommer ou céder une partie plus ou moins importante des vins laissés par lui. Par ailleurs, seule une partie de la population disposait de caves, et d’ailleurs ce n'est qu'au X VIIT siècle que, devenant la norme, elles se sont vraiment multipliées à Paris ce qui constitue avec l'usage des bouteilles deux grandes nouveautés que l'on ne retrouve pas à un tel degré en province!?. A la fin du XVIII: siècle, la cave « fait partie de la maison parisienne type, dont elle est devenue un élément indispensable » !#, Surtout, elle cesse d’être un endroit où l’on entrepose du bois et des barriques pour devenir le lieu où l’on dispose désormais de nombreuses bouteilles pleines de vin". La consommation des milieux populaires nous échappe cepen« Les collections de bonnes bouteilles à la fin de l’Ancien Régime », dans La France d'Ancien Régime : Mélanges offerts à Pierre Goubert, Toulouse, Privat, 1984, p. 381-388. « Les caves des financiers français au début du XVII: siècle », dans Gilbert Garrier (dir.), Le vin des historiens, Suze-la-Rousse, Université du vin, 1990, p. 143-152. 2° La naissance de l’intime : 3000 foyers parisiens XVII-XVIIF siècles, Paris, PUF, 1990, p. 297-300. L'étude critique des inventaires après décès a donné lieu à de nombreuses publications parmi lesquelles nous retiendrons l’ouvrage d’Annick Pardailhé-Galabrun, qui vient d’être cité, et celui dirigé par Bernard Vogler, Les actes notariés, source de l'Histoire sociale XVI-XIX* siècles, Strasbourg, Librairie Istra, 1979. Il y a à Paris 114 études notariales en 1790. Il n’est pas rare qu’une liasse de minutes corresponde à un mois, ce qui a pour conséquence qu'en une journée au Caran, centre des Archives nationales où l’on peut consulter le minutier central resté à l’hôtel de Soubise, on ne puisse dépouiller qu’un semestre ! en 5 5 L'étude de toutes ces caves nous permet d’avancer que l’on a déja pour les particuliers une cave fournie lorsque la prisée l’évalue à 400 livres tournois, une cave intéressante à 800 livres, et ce que l’on peut appeler de belles caves au-dessus de 1500 livres. Un marchand de vin important dispose d’une cave estimée à 3 ou 4000 livres ; en decà, et particulièrement au-dessous de 600 à 800 livres, c’est une cave très médiocre. La maladie peut avoir eu pour effet que sa cave ne soit plus renouvelée ni même entretenue. Gilbert Garrier a souligné qu'avant le XVII siècle « la majorité des cultivateurs n'ont pas de caves » et que Dom Pérignon lui-même a eu du mal à obtenir qu’il en soit creusé une 4 Hautvillers en 1673. — Histoire sociale et culturelle du vin, op.cit., p. 96. Youri Carbonnier, « La maison cachée : les caves », dans Y. Carbonnier, Maisons parisiennes des Lumières, Paris, PUPS, 2006, p. 378-400, loc.cit., p. 378. Les barriques ne disparaissent pas, en particulier chez les marchands de vins, ce qui ne saurait sur18 19 prendre, mais il y a de plus en plus de bouteilles sans arriver cependant à nos habitudes en la matière qui sont, pour les particuliers, de n'avoir que du vin en bouteilles. — Sur l’usage des bouteilles, Jean-Robert 160