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Les magistrats du parlement de Bordeaux et la mutation des vins et vignobles bordelais au temps de Louis XIV SOA IN $ CAROLINE LE MAo Maitresse de conferences HDR à l’Université de Bordeaux Centre d’Etudes des Mondes Moderne et Contemporain - Université de BordeauxMontaigne Écrire sur la viticulture bordelaise n’est pas chose aisée car l’on touche ici à bien des mythes. Les figures illustres ne manquent pas qui pour plusieurs appartiennent au monde des magistrats du parlement de Bordeaux, comme le président de Pontac et son cru de Haut-Brion, célèbre jusque dans les tavernes à la mode de Londres, ou le président de Ségur, « prince des vignes » et habitué de la cour... Cependant, l'essentiel des études porte sur le XVIIT' siècle bordelais, principalement pour des questions de sources. Les belles séries de comptes du château Latour, les terriers de Haut-Brion et surtout la déclaration du vingtième qui, complétée par la carte de Belleyme!, permet une cartographie des vignobles de l'aristocratie parlementaire, orientent le regard vers le cœur du XVIII siècle, mais ces documents saisissent des réalités déjà bien ancrées. La seigneurie de Latour valait ainsi 64 000 livres en 1670 et 522 400 livres au milieu du XVIII: siècle : c’est donc bien entre ces deux moments que les mutations se sont opérées’. En outre, la « fureur de planter », rendue célèbre par la polémique opposant en 1725 Montesquieu à l’intendant de la province, Boucher, répond comme un écho au mémoire de l’intendant Bazin de Bezons qui, dès 1698, déplore la « furieuse quantité de vigne », porteuse de me1 René Pijassou, Un grand vignoble de qualité : le Médoc, Bordeaux, Tallandier, 1978 ; Charles Higounet (dir.), La seigneurie et le vignoble de château Latour, Bordeaux, FHSO, 1974, p. 209 et suivantes. 2 Il faut cependant tenir compte des effets de l'inflation. 123