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car ce géographe de formation, en travaillant sur des espaces viticoles, se mit a faire de l’histoire. Roger Dion s’inscrivait alors dans le courant de la géographie historique telle qu’il a été voulu à la fin du XIX* siècle par Paul Vidal de La Blache. Les limites chronologiques de ce livre restent inhabituelles pour un géographe qui a tenu à arrêter cette étude aux premiers bouleversements apportés par le chemin de fer. Après l'expansion médiévale, il mit par exemple en évidence que l’âge moderne devait apporter de profondes transformations notamment sous l'influence des Hollandais. Non seulement, ils s’intéressaient aux grands crus de Bergerac ou Sauternes mais ils ne dédaignaient pas les petits vins pour les revendre après manipulation ou les distiller en alcool. Ils enlevèrent ainsi les vins dédaignés de l’arrière-pays aquitain et suscitèrent la fabrication des eaux-de-vie d’Armagnac. De même, ils intervinrent dans les vignobles d’Aunis et de Saintonge et furent à l’origine de la production de Cognac. Ils s’infiltrérent le long de la Loire ot ces amateurs de vins blancs donnèrent |’élan aux crus de Vouvray et Saumur. I] met aussi en évidence l’importance d’un très grand vignoble autour de Paris pour la consommation populaire qui fut ensuite étudié par la thèse de Marcel Lachiver’. Il s’interessa aussi à l’émergence des vins de la montagne de Reims. Au XVII: siècle, on commence à les appeler Champagne, une active propagande, les met en vedette et à la fin du siècle, Dom Pérignon en perfectionne très habilement la vinification. Une mode des vins mousseux se propagea dans la haute société parisienne telle qu'elle a été étudiée récemment par Benoit Musset“. On voit que par ses premiers travaux Roger Dion a été un émetteur d’idées car ils ont suscité de nouvelles interrogations et de nombreuses vocations. Une génération de chercheurs, de géographes ou d’historiens vont se faire dans les années 1960-70, les apôtres de l’histoire du vignoble : René Gandilhon’ pour le champagne, Rolande Gadille!° pour la Bourgogne, Gilbert Garrier!! pour le Beaujolais et le Lyonnais, Jacques Beauroy!? pour les vins du Sud-Ouest, Geneviève Gavignaud'’et Emmanuel Leroy Ladurie" pour le Languedoc... tous ont cité à un moment ou à un autre Roger Dion et se sont plus ou moins servis de ses travaux. 7 Marcel Lachiver, Vins, vignes ef vignerons en région parisienne du XVIT siècle au XIX* siècle, Pontoise, 1982. # Benoît Musset, Vignobles de Champagne et vins mousseux. Histoire d'un mariage de raison 1650-1830, Paris, Fayard, 2008. ° Rene Gandilhon, Naissance du Champagne : Dom Pérignon, Paris, Hachette, 1968. 1 Rolande Gadille, Le vignoble de la côte bourguignonne : fondements physiques et humains d’une viticulture de haute qualité, Paris, Les Belles-Lettres, 1967. % Gilbert Garrier, Vigne et vignerons dans la France ancienne : vignerons du Beaujolais au siècle dernier, Le Coteau, Horvath,1984. 2 Jacques Beauroy, Vins et société à Bergerac du Moyen-Âge au temps moderne, Thèse Dactyl, Université de Bordeaux 111,1975. 1 Geneviève Gavignaud-Fontaine, Le Languedoc viticole, la Méditerranée et l'Europe au siècle dernier, Thèse, publications de l’université Paul Valéry, Montpellier 3, 2006. # Emmanuel Le Roy Ladurie, Les paysans du Languedoc, Paris, Bibliothèque générale de l'Ecole pratique des Hautes études, SEV PEN, 1966. 107