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lésime susceptibles de donner une plus-value considérable au produit ressortent tres nettement. Par ailleurs, l’influence d’une famille de noblesse de cour comme les Lur-Saluces, pour la promotion du produit, fut déterminante? comme celle de Rakoczi pour la Tokaj. Si l’on relit Jefferson, le château viticole semble donc accompagner l’émergence de grands crus comme Margaux et Lafite en Médoc, Yquem en Sauternais. Historiens et géographes ont toujours souligné comme nous le verrons, l’importance de ce nouveau concept dans le développement dune viticulture de qualité qui aurait émergé au XVII siècle mais sans toujours le relier à l’action d’une catégorie sociale, la noblesse particulièrement de robe. Cette vision traditionnelle léguée par les géographes et renforcée par les derniers travaux en Guyenne’ ou dans d’autres régions a été contestée ces dernières années par un courant où s’illustrent notamment Sandrine Lavaud* et Jean-Michel Chevet’. Nous verrons ce qu'il faut penser de cette polémique qui sera au cœur de cette présentation historiographique qui a pour objet de chercher des points de concordance, de jonction avec l’évolution du vignoble hongrois. La vigne et le vin comme un objet d'histoire, une invention de géographes Le pionnier : Roger Dion Celui qui le premier a montré que la vigne et le vin pouvaient constituer un objet d’histoire est un géographe, Roger Dion. À la fin des années Trente, alors qu'il était chargé de préparer pour les étudiants un cours d’agrégation sur « les produits alimentaires d’origine végétale », il commença à s'intéresser et à réfléchir à cette thématique, accumulant de la documentation sur le sujet. Il se qualifia d’ailleurs lui-même dans les années cinquante d’«ouvrier d’histoire, prospecteur et vérificateur de données positives ». La parution en 1959, de son Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIX° siècle‘, apparaît comme une synthèse surprenante * Marguerite Figeac-Monthus, Les Lur Saluces d’Yquem de la fin du XVIIT siècle au milieu du XIX° siècle : identité nobiliaire, tradition viticole, continuité familiale, Thèse, dactyl., Université de Paris-Sorbonne, 1999. 3 Plutôt que des notes monstrueuses et indigestes en début d'article comme cela est aujourd’hui devenu la mode, nous préférons donner nos références au fil de notre raisonnement à chaque fois que nous citerons l’auteur ce qui évite le simple exercice de style qui n’est pas ensuite intégré à la démonstration. * Sandrine Lavaud, « En amont de la Grande Guerre, une historiographie du vin de Bordeaux », dans Hubert Bonin ( dir.), Vins ef alcools pendant la première guerre mondiale, (1914-1919), Bordeaux, Féret, 2018, p. 29-40. > Jean-Michel Chevet, « Prix et qualité des vins de Bordeaux du XVII: siècle à nos jours : quelle relation ? » dans Les vins de Bordeaux, les itinéraires de la qualité, t.2, Bordeaux, Institut de la vigne et du vin, 2015, p. 159-192. Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XLX° siècle, Paris, 1959. 106