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vante sur cette région : « Les Vins y sont delicieux, sur tout celuy de Tokay dans la Haute Hongrie!. » Lemigration de Thököly et Rákóczi en Turquie La diplomatie jouait un rôle trés important dans l’expansion des vins de Tokaj, car Ihököly et Räköczi s’en servirent régulièrement pour avoir des ressources nécessaires pour leur objectifs politiques ou pour sensibiliser leurs partenaires diplomatiques. Thôkôly tira des bénéfices considérables de ses vignobles de Tokaj-Hegyalja et avait des agents commerciaux nombreux. D’après le témoignage d’un rapport anonyme vers 1700, lorsque Thôkôly vécut à Constantinople dans l’émigration il avait un monopole de vente de vins de Hongrie dans l’Empire ottoman cela lui représentait environ vingt-cinq mille livres de rente annuelle. Comme ancien propriétaire de vignobles à Tokaj, Thokély devait avoir des relations commerciales qui lui permirent de faire rentrer des vins hongrois de la région de Tokaj-Hegyalja jusqu’à Constantinople où la population européenne locale dans le quartier de Péra où les principales ambassades se situaient pouvaient assurer une consommation considérable. Dans les nombreuses tavernes de Galata, même les Turcs pouvaient acheter du vin. Si les Musulmans dévots n’en buvaient point, les membres de l’élite ottomane éclairée en consommaient avec modération et en privé". Par exemple, Vambassadeur ottoman Yirmisekiz Mehmed Celebi Efendi buvait occasionnellement du vin pendant son séjour en France, mais jamais en public. Par ailleurs, les vins liquoreux de Tokaj avaient probablement une large clientéle en Turquie, car leurs goûts étaient bien comparables à ceux des vins grecs et chypriotes, tandis que leurs qualités devaient être probablement bien supérieures. Le secrétaire de Thokély, Jean Komäromy'”, connaissant bien les vins de Tokaj, les comparait aux vins a base de raisins secs préparés 4 Ruscuk dans son journal”. Après avoir tenté une dernière fois de récupérer le trône de la Transylvanie en 1690, Thôkôüly participa activement aux opérations militaires de la fin de la grande 15 Alain Manesson-Mallet (dir.), Description de l'univers, contenant les différents systèmes du monde, les cartes générales et particulières de la géographie ancienne et moderne, les plans et les profils des principales villes et des autres lieux plus considérables de la terre, Tome 5, Paris, Denys Thierry, 1683. p. 140. «Il vit à present d’une pension de deux mille ecues du Grand Seigneur et d’une permission de faire entrer du vin laquelle vaut vingt ou vingt-cinq mille livres de rante. » Service Historique de la Défense, série 1 M 1616 Reconnaissance Turquie (1676 — 1784) 3/1616 Mémoires p. 51. 7 Nigel and Caroline Webb, The Earl and his Butler in Constantinople, The Secret Diary of an English Servant Among the Ottomans. London, I. B. Tauris, 2009, p. 19. 8 Fatma Miige Gogek, East encounters West: France and the Ottoman Empire in the eighteenth century, Oxford, Oxford University Press, 1987, p. 42. 19 Jean Komäromy de Belenyes (?-1711), secrétaire et confident d’Emeric Thokély. Son journal pendant son émigration fut publié : Magyarországi és erdélyi bujdosó fejedelem Késmárki Thököly Imre secretáriusának Komáromi Jánosnak törökországi diariuma és experientiája ILe journal et les expériences de Jean Komáromi, secrétaire d’Emeric Thököly, prince exilé de Hongrie et Transylvanie] éd. Ivan Nagy, Budapest, Rath Mer, 1887. 20 Idem. p. 11. 16 55