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Cette idée de « vin étalon » auquel les spécialistes se référent au milieu du XIX" siecle apparait dans plusieurs traités. Cela est également trés net chez d’autres auteurs a instar d’Arsenne Thiébaut de Berneaud, militaire et agronome, qui en parlant du vignoble ariégeois précise que les viticulteurs « pourraient obtenir un vin très estimé, un vin pareil à celui de Tokay, qui fait la richesse de la Hongrie‘ ». Cette richesse reste néanmoins sous l'effet des modes et du joug du commerce. Au-delà, dans certains pays européens le terme même de « tokay », devient un générique symbole d’un grand liquoreux, c'est ce que ne manque pas de souligner Émile Viard dans son traité : « En Espagne, à Rivesaltes, Candie, Chypre, on laisse les raisins sur la souche après la maturité pour concentrer leurs sucs et obtenir des vins très liquoreux. Pour faire le vin de Tokay et quelques vins d’Italie et d'Espagne, on dessèche les raisins“? ». En France, dans ce pays qui est pourtant un très grand producteur de vin, durant le premier au XIX' siècle, on cherche à imiter, à copier et à faire aussi bien. Ainsi, dans certains ouvrages on donne des conseils afin de développer le commerce des vin. La place du commerce L'importance des circuits commerciaux Aucun vin n’a aux XVII*-XVIII siècles les mêmes circuits commerciaux, si les vins de Bordeaux sont vendus outre-Atlantique, en Angleterre et en Europe du Nord, ceux de Hongrie empruntent des trajectoires différentes puisqu'ils sont achetés en Pologne, en Allemagne, en Italie. Il suffit de relire l’article « vin » de l'Encyclopédie méthodique dédiée au commerce et publiée à Paris par Panckoucke en 1784 : « Les vins de France que l’on porte à Brême doivent être blancs et vigoureux, tels que ceux d'Anjou, de Cognac et du haut pays de Guyenne ; ceux qu'on porte à Dantzig ne sont que pour la Prusse, les vins de France étant peu estimés dans le reste de la Pologne et les Polonais leur préféreront les vins hongrois“. » Cette remarque est confirmée à la même époque par bien d’autres auteurs ou voyageurs ; on la trouve également dans les traités de commerce et de viticulture. Elle montre que les Polonais du XVIII siècle, consommaient de préférence des % Arsenne Thiébaut de Berneaud, Nouveau manuel complet du Vigneron Français ou l'art de cultiver la vigne de faire les vins, eaux de vie et vinaigres, volume I, Paris, Librairie encyclopédique de Roret, 1850, p. 6162. 2 Émile Viard, Traité général de la vigne et des vins, étude complète, au point de vue théorique et pratique, de la vigne, de la vinification, des vins, des résidus de la vigne et des vins et des falsifications ; méthodes de recherches et d'analyses précises et douteuses, description de tous les appareils employés. Nantes, 1892, p. 111 Cette remarque est tirée de l’article « vin » dans Panckoucke, Encyclopédie méthodique dédiée au commerce, Paris, 1784. 41 25