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connu et reconnu en France á cette épogue ? Comment ce vin est-il apprécié ? Comment devient-il un symbole de qualité et une référence au niveau viticole au point d’être imité ? Y a-t-il eu une évolution du XVIII au XIX" siècle ? Lobjectif de cet article est, en croisant des sources trés différentes, journaux de voyages, presse spécialisée, traités de viticulture, dictionnaires et encyclopédies, ampélographies, livres et bulletins scientifiques, de comprendre comment s'est construite et s'est maintenue en France la réputation du tokay. Comment ce vin a pu acquérir une notoriété aux XVIII--XIX® siècles ? Pour répondre à cette question nous nous attacherons à trois éléments récurrents dans nos sources à l’origine de cette réputation, l’importance du terroir, le rôle des hommes et la place du commerce. L'importance du terroir Un espace viticole exceptionnel La région vinicole de Tokay est située dans le nord-est de la Hongrie, dans un ensemble qui comprend à peu près entre 26 et 31 communes 3 sur un espace qui s'étend de Sätoraljaüjhely à Monok. Deux villages à l'extrême nord, Szôlôske et Kistoronya, autrefois peuplés de Hongrois ont été annexés par la Tchécoslovaquie lors des traités de paix conclus après le premier conflit mondial’. D'après la Géographie universelle de Conrad Malte-Brun parue au milieu du XIX: siècle, le tokay serait devenu le « nectar des dieux » grâce « en partie au sol, qui n’est qu'une poussière brune, douce, friable et légère, fermentant avec les acides et ressemblant à du basalte décomposé, et en partie au soin qu'on a de cueillir d’avance les premiers raisins mûrs, de les sécher, et d’en extraire une essence semblable au miel pour le goût’. » Des collines d’origine volcanique, qui ne dépassent pas 500 m, caractérisent le pays de Tokay, les pentes sont fortes et recouvertes d’une couche de rocaille et de /0ess si bien que l’eau ne parvient pas à s’y infiltrer et que la sécheresse domine. À certains endroits, pour fixer le sol, des terrasses ont été construites". On trouve dans cette région viticole un microclimat permettant l'épanouissement d’un savoir-faire traditionnel. Dans la première moitié du XX siècle, les températures moyennes atteignent entre 17 et 35 °C l'été et entre 10 et 27 °C l’automne. Les étés y sont très secs, les pluies très irrégulières le reste de l’année et les gelées sont très redoutées’. Le terroir est traversé par des rivières qui jouent un rôle capital pour la production et la commercialisation du tokay. Il s'agit du Bodrog qui se jette dans 2 Laszlé Alkonyi, Tokay. The wine of Freedom, Budapest, Borbarat, 2000, p. 10. Malte-Brun, Conrad, Géographie universelle ou description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, T. 3, Description de l'Europe, Paris, Garnier frères éditeurs, 1853, p. 362-363. * Antoine Albitreccia, « La région vinicole du Tokay », Annales de Géographie, vol. 45, n° 254, 1936, p. 190192 > Ibid. 14